Les scientifiques ont établi un score génétique qui permet de déterminer les risques de déclarer la maladie neurodégénérative.
Une étude dirigée par un consortium international de chercheurs, au sein entre autres de l’Institut Pasteur de Lille a conclu à l’identification de 42 nouveaux gènes associés à la maladie d’Alzheimer qui concerne en France environ 1,2 million de personnes.
Jean-Charles Lambert qui est directeur de recherche à l’Inserm et qui était à la tête de l’étude, ne cache pas son enthousiasme : “Dans le domaine de la génétique, ces avancées sont les plus importantes des dernières années sur la maladie d’Alzheimer”.
De très nombreuses données génétiques
Pour mener à bien l’étude, les données génétiques de 111 326 personnes diagnostiquées Alzheimer, ou ayant des proches qui en souffrent, ont été étudiées. À l’étude ont été intégrés 677 663 contrôles sains.
Les données en question ont été prises dans plusieurs grandes études européennes. Grâce à ce grand stock d’informations, les scientifiques ont été en mesure d’analyser la totalité du génome en vue de déterminer les gènes susceptibles d’être liés à la maladie.
Jean-Charles Lambert ajoute : “On double notre connaissance sur la génétique d’Alzheimer, précise le chercheur.Après cette découverte importante, la suite de notre travail a consisté à caractériser ces régions du génome que nous avions identifiées pour leur donner du sens par rapport à nos connaissances biologiques et cliniques, et donc mieux comprendre les mécanismes cellulaires et les processus pathologiques à l’œuvre”.
Quelles applications concrètes ?
À partir des résultats, les chercheurs ont établi un score de risque génétique qui permettrait d’évaluer plus précisément qui parmi les personnes souffrant de troubles cognitifs, développera un Alzheimer, trois ans après l’observation des troubles : “Cet outil n’est pour le moment pas du tout destiné à la pratique clinique, mais il pourrait être très utile dans la mise en place d’essais thérapeutiques pour catégoriser les participants selon leur risque et mieux évaluer l’intérêt des médicaments testés”.
Cette découverte ouvre, comme le veut l’expression consacrée, la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques. Et c’est toujours le spécialiste de la maladie à l’Inserm qui l’explique : “Il y a plusieurs voies à cibler, pour développer plusieurs traitements. La génétique montre qu’une approche monothérapeutique n’est pas envisageable, elle doit être polythérapeuthique. Il n’y aura pas de médicament miracle, pas de traitement unique”.
L’étude a été menée par des chercheurs et chercheuses de l’Inserm, de l’Institut Pasteur de Lille, du CHU de Lille et de l’Université de Lille au sein du laboratoire U1167 “facteurs de risque et déterminant moléculaires des maladies liées au vieillissement”, et en collaboration avec un consortium international.