Des injections d’ocytocine injustifiées lors des accouchements en France
Le Collège National des Sages-Femmes pointe du doigt une utilisation trop répandue de l'ocytocine lors des accouchements en France et des utilisations non nécessaires de ce médicament qui présente des risques.
Si l’ocytocine peut s’avérer un outil très utile dans certains accouchement lorsque les contractions utérines sont insuffisantes, d’après le Collège National des Sages-Femmes (CNSF) cette hormone de synthèse est trop utilisée en France. L’organisation souligne dans un communiqué le 6 décembre l’utilisation injustifiée d’ocytocine dans de nombreux cas et rappelle les risques potentiels que présente ce traitement. Elle émet également des recommandations et demande une utilisation plus rationnelle.
Utilisation trop généralisée de l’ocytocine
Si le CNSF ne nie pas les bénéfices de l’utilisation de cette hormone de synthèse pour stimuler les contractions utérines, il pointe du doigt une utilisation trop répandue, souvent pour accélérer le travail. D’après les résultats d’une enquête périnatale menée en 2010, près de deux femmes sur trois se voient administrer de l’ocytocine lors de l’accouchement bien qu’en théorie sont utilisation est sensée être plus restreinte.
En tant normal ce traitement est indiqué en cas de contractions utérines en début ou en cours de travail sont insuffisantes, pour une chirurgie obstétricale ou en cas atonie utérine. Mais elle présente aussi l’avantage d’accélérer l’accouchement, ce qui entraine une utilisation bien plus importante.
Des risques et des recommandations
Si cette hormone est utile, elle n’est pas pour autant sans risques. L’ocyticine est associée à un sur-risque d’hyperactivité utérine ou d’hémorragie du post-partum proportionnel à la dose prescrite. De même les médecins ont pu constater des anomalies de la contractilité utérine entraînant des anomalies du rythme cardiaque du foetus. Le Dr Camille Le Ray, gynécologue-obstétricienne, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) dénonce une sur-médicalisation de l’accouchement en France. Sans pour autant demander une “démédicalisation” elle invite à trouver un juste milieu.
Le CNSF émet pour la première fois des recommandations de pratique clinique (RCP). Le mot d’ordre est de prescrire en fonction des besoins réels de la patiente. Les RCP sur le recours à l’ocytocine ont été résumées sur un format de marque page à l’intention des professionnels de santé. Plus globalement le CNSF invite à respecter le rythme naturel de l’accouchement et recommande : “un meilleur accompagnement des praticiens (…), une meilleure information du corps médical sur les risques et bénéfices de l’oxytocine lors du travail spontané et les modalités optimales de son administration et une meilleure information des usagers pour leur offrir la possibilité d’un accouchement le plus physiologique possible”.