Alternatives à la cigarette : les grandes oubliées du Plan Cancer ?
Le président de la République, Emmanuel Macron, a dévoilé le 4 février un Plan Cancer ambitieux qui se fixe notamment comme objectif une baisse d’un tiers de la mortalité en France.
Un volontarisme assumé de la part du chef de l’Etat dont on ne peut que se satisfaire, même si l’absence encore une fois des alternatives à la cigarette dans les dispositifs de prévention des risques montre les conservatismes français en la matière.
La réduction des risques est largement entrée dans les mœurs au niveau européen (et même mondial), et de plus en plus de pays, à l’instar des pays scandinaves, du Royaume-Uni ou des Etats-Unis, privilégient désormais une approche de la lutte contre le tabagisme basée sur l’accompagnement des fumeurs plutôt que sur des politiques exclusivement restrictives et punitives. Le dernier Plan Cancer, dévoilé le mois dernier, démontre que l’Hexagone a encore un train de retard sur ce sujet.
Alors qu’Emmanuel Macron a dévoilé le Plan Cancer le plus ambitieux depuis des décennies, avec pour objectif de faire diminuer le nombre de morts de 150’000 actuellement à 100’000 d’ici dix ans, en ciblant notamment les causes de la maladie, et en particulier le tabagisme, on peut s’étonner de ne voir aucune référence à l’une des méthodes privilégiées par les Français pour arrêter la cigarette : les alternatives, et en premier lieu la cigarette électronique, mais aussi le tabac à chauffer ou encore le Snus.
Pourtant, face au succès grandissant des alternatives à la cigarette, et alors que de nombreux pays les intègrent à leurs programmes de prévention et de lutte contre le tabagisme, la France se refuse encore à adopter une posture de réduction des risques. Car, si elles ne sont pas sans risque pour la santé, les alternatives sont moins nocives que les cigarettes et représentent des options viables pour les fumeurs qui ne peuvent pas arrêter pour eux-mêmes.
Cette attitude française du tout ou rien explique sans doute que l’Hexagone compte encore l’une des plus grandes proportions de fumeurs de l’Union européenne. Et ce, malgré le fait que le prix du paquet de cigarettes est parmi les plus élevés du Vieux Continent. Un échec qui mériterait tout de même que l’on en tire quelques leçons… et que l’on arrête d’opposer les méthodologies de lutte contre le tabac.
Il s’agit d’un archaïsme bien français avec lequel le président de la République serait bien inspiré de rompre. Dans le reste de l’Europe, les politiques sanitaires se sont adaptées à l’émergence et à l’immense succès des alternatives à la cigarette pour en faire des atouts dans la lutte contre le tabagisme, plutôt que de s’y opposer par principe en raison de leur nocivité (bien réelle, mais limitée). Il s’agit de méthodes qui fonctionnent pour aider les fumeurs à décrocher. Pourquoi s’en priver ?