Les buralistes trop laxistes sur la vente de tabac aux mineurs
La très grande majorité des jeunes fumeurs se procurent leurs paquets de cigarettes chez les buralistes en dépit de l’existence d’une interdiction de vente aux mineurs, selon les résultats préliminaires d’une enquête rendus publics jeudi.
Les buralistes ont l’interdiction de vendre des cigarettes aux mineurs
Chez les jeunes fumeurs quotidiens, le taux atteint 94% chez les 16-17 ans, contre 72% chez les 12-15 ans “alors même que les buralistes, investis d’une mission de service public, ont l’interdiction de vendre des cigarettes aux mineurs”, souligne le Pr Bertrand Dautzenberg, un pneumologue fortement impliqué dans la lutte contre le tabac, qui a supervisé l’étude.
Cette enquête, réalisée par l’association Paris sans tabac que préside le Pr Dautzenberg, a été menée cette année auprès d’un échantillon représentatif de 2% des élèves des collèges et lycées de la capitale, soit 1.776 fumeurs (occasionnels ou quotidiens) et ex-fumeurs.
Depuis 2011, cette enquête annuelle inclut une question sur le lieu d’achat des cigarettes.
Environ la moitié des 12-15 ans interrogés (fumeurs occasionnels, quotidiens et ex-fumeurs) reconnaissent avoir obtenu leurs cigarettes dans des bureaux de tabac.
Le taux atteint 80% chez les 16-17 ans, le même que celui observé chez les fumeurs majeurs âgés de 18 à 19 ans. Les autres façons de se procurer du tabac sont l’achat sur internet, le recours à des membres de la famille ou des amis plus âgés. La responsabilité des buralistes est également pointée du doigt en ce qui concerne la cigarette électronique, elle aussi interdite aux mineurs.
Chez les 12 à 17 ans interrogés, 41% indiquent avoir pu se les procurer dans les bureaux de tabac, alors qu’ils ont plus de difficultés à les acheter en boutiques spécialisées. Une fois majeurs, il ne sont en revanche plus que 25% à se tourner vers des buralistes. Pour le Pr Dautzenberg, “ralentir l’entrée en tabagisme des adolescents est une mesure majeure de santé publique” dans la mesure où “plus l’initiation autabagisme est précoce, plus la dépendance tabagique est forte”.
“Je conteste formellement les conclusions de l’enquête”, a réagi jeudi dans un communiqué Pascal Montredon, président de la Confédération des buralistes, qui questionne les “conditions de réalisation” du sondage, “effectué uniquement à Paris et basé sur la simple interprétation de déclarations faites par des mineurs.”
“L’interdiction de vente aux mineurs n’a pas été facile à mettre en œuvre, mais elle est respectée par l’ensemble des buralistes de toute la France”, estime-t-il, ajoutant “déplorer” que les mineurs se procurent du tabac par l’intermédiaire de personnes majeures, et qu’ils utilisent Internet pour ce faire.
Présenter une pièce d’identité
Un plan de réduction du tabagisme a été voté le mois dernier par les députés en première lecture. Il prévoit que les jeunes devront à l’avenir présenter une pièce d’identité pour prouver leur majorité chez le buraliste et que des policiers municipaux seront habilités à faire appliquer la législation sur le tabac.
Selon la dernière enquête réalisée entre décembre 2013 et mai 2014 par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, le tabagisme régulier a légèrement reculé en France, sauf chez les jeunes, malgré les campagnes de prévention lancées ces dernières années.
Les buralistes ne veulent pas porter seuls le chapeau
Les buralistes ne veulent pas être montrés comme les responsables du tabagisme des moins de 18 ans, ont-ils réagi après une étude d’une association anti-tabac montrant que l’interdiction de vente aux mineurs était peu respectée, et leur suggère d’enquêter aussi à “la sortie des lycées”.
“Le trafic de cigarettes se fait d’abord à la sortie des lycées”, a réagi Pascal Montredon, président de la confédération des buralistes, interrogé par l’AFP, après la publication d’une enquête du Comité national contre le tabagisme (CNCT), montrant qu’une majorité des buralistes ne respectent pas l’interdiction de vente aux mineurs.
“On ne doit pas vendre de tabac aux mineurs“, réaffirme le président de la confédération des buralistes Pascal Montredon, qui reconnaît que le réseau des 28.000 buralistes “est loin d’être à 100%”.