Anorexie : Une législation “contraignante pour tout mannequin sur le sol français” pour le député socialiste Olivier Véran
Le député socialiste Olivier Véran, à l’origine de l’interdiction du recours à des mannequins trop maigres votée vendredi par l’Assemblée, a indiqué que la mesure serait “contraignante” pour tout mannequin, y compris étranger, “désirant travailler sur le sol français”.
C’est en effet le code du Travail modifié par son amendement qui s’appliquera sur l’ensemble du territoire. La personne voulant travailler comme mannequin, que ce soit par un contrat “de gré à gré”, en intérim ou en CDI dans une agence, devra “attester par un certificat médical” qu’elle n’est pas “privée de nourriture”, a indiqué ce rapporteur du projet de loi sur la Santé, lors d’une conférence de presse.
Un décret définira les conditions d’application précises, de l’indice de masse corporelle (IMC) en dessous duquel il ne faudra pas tomber, aux modalités d’évaluation de cette IMC dans le temps. “J’entends bien que des mannequins sont naturellement maigres”, a ajouté cet élu de l’Isère, qui rétorque que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a elle-même défini des états de dénutrition qui peuvent s’appliquer.
Sur un autre amendement adopté vendredi, prévoyant la mention obligatoire de “photographie retouchée” en cas d’apparence corporelle modifiée, M. Véran considère qu’il ne s’agit pas d’ “empêcher l’image de la minceur dans la mode, mais de contrecarrer (…) la pression sociale selon laquelle pour être belle il faut être toujours plus maigre”.
L’Assemblée avait voté dans la nuit de mercredi à jeudi la création d’un délit d’incitation à la maigreur excessive, punissable d’un an de prison et 10.000 euros d’amende. Ce n’est pas un “délit d’apologie de l’anorexie”, a assuré M. Véran. Selon lui, “l’objectif n’est pas de sanctionner les jeunes adolescentes qui souffrent d’anorexie mentale et s’expriment sur des blogs” mais de contrer “un certain nombre de messages”, par exemple sur les “bonnes pratiques” d’une anorexique.
Dans une tribune publiée vendredi par le quotidien Libération, l’équipe de recherche pluridisciplinaire “Anamia” s’est inquiétée de ce nouveau délit qui pourrait mettre “en danger les malades”, les sites “pro-ana” présentant aussi “des discours d’entraide et de l’accompagnement au soin”. Le délit, a souligné M. Véran, pourrait aussi s’appliquer à des employeurs mettant leurs salariés sous pression pour perdre du poids au point de mettre leur vie en danger, comme certaines agences de mannequins.