Le baclofène ne serait pas efficace pour lutter contre l’alcoolisme
Une nouvelle étude vient relancer le débat autour du baclofène et démontre qu'il ne serait pas plus efficace qu'un suivi psychosocial.
L’utilisation du baclofène pour lutter contre la dépendance à l’alcool est un sujet qui divise la communauté scientifique. Si plusieurs études encensent son efficacité contre l’alcoolisme, le médicament a aussi des détracteurs. C’est le cas des scientifiques de l’université d’Amsterdam qui remettent en question son utilité. Pour eux il ne serait pas plus pertinent qu’un placebo ni plus efficace qu’un suivi psychosocial.
Comparaison entre baclofène et placebo
L’étude néerlandaise parue dans la revue de santé European Neuropsychopharmacology a cherché à évaluer l’efficacité du baclofène. Pour ce faire les chercheurs ont comparé son efficacité avec celle d’un placebo sur une cohorte de 151 patients alcooliques pendant 4 mois. Ils ont divisé les volontaires en 3 groupes, deux avec des dosages différents de baclofène et un groupe de contrôle.
Ainsi ils ont administré à 31 patients du Baclofène à faible dose (soit 30 mg par jour) et à 58 patients de hautes doses (jusqu’à 150 mg par jour) tandis que le groupe de contrôle des 62 restants recevait un placebo. Il s’avère qu’après 16 semaines les scientifiques ont constaté un taux de rechute similaire pour chacun des groupes, en moyenne de 25%. Pour les auteurs les résultats sont clairs : « le Baclofène semble aussi efficace qu’un traitement psychosocial mais qu’il n’apporte pas d’efficacité supplémentaire ».
Pas plus efficace qu’un traitement psychosocial
Les conclusions de cette étude contredisent d’autres essais préalables et le psychologue spécialiste des addictions qui a supervisé les travaux, Reinout Wiers, justifie la différence de résultats : « En août 2015, une petite étude allemande à répartition aléatoire avait montré que le Baclofène à haute dose montrait de bons résultats, mais le groupe de contrôle n’avait reçu aucun traitement. Nos patients, y compris le groupe placebo, ont eux tous reçu un suivi psychosocial ».
Le psychologue estime qu’il est encore trop tôt pour prescrire du Baclofène à grande échelle aux patients alcooliques, alors qu’en France près de 200 000 prescriptions pour ce traitement ont été faites entre 2007 et 2013. En attendant de plus amples études, mieux vaut donc s’en tenir au suivi psychosocial pour les auteurs néerlandais.