La cabine de télémédecine expérimentée dans les déserts médicaux
Pour lutter contre les déserts médicaux, la Mutualité française va lancer une expérimentation de cabine de consultation à distance dans le Roannais.
Et si le salut des patients habitant au cœur de déserts médicaux passait par la télémédecine ? C’est en tout cas ce qu’espère la Mutualité française qui mise beaucoup sur les consultations à distance pour rapprocher les territoires en proie à la désertification médicale du système de soin. Une expérimentation vient d’être lancée dans le Roannais.
La cabine de télémédecine installée en pharmacie
Les clients de la pharmacie mutualiste du centre-ville de Roanne (Loire) vont tomber devant une bien étrange cabine aux faux airs de photomaton dans leurs officines. L’objet, créé par la firme française H4D (Health for Development) promet d’être un véritable « petit cabinet médical connecté ».
Déjà testée en bourgogne, la cabine permet déjà aux patients qui le souhaitent de mesurer certains paramètres de leur santé comme le poids, le pouls, la tension, le rythme cardiaque. Un écran d’ordinateur permettra de guider le patient pour utiliser ces instruments de mesure, mais aussi un stéthoscope, un dermatoscope ou encore un rétinographe. Les données sont ensuite transmises à un généraliste qui pourra, en fonction des résultats, de proposer une consultation.
L’inquiétude des médecins
La deuxième étape consiste à prendre un rendez-vous en visioconférence avec un médecin généraliste. Une fonctionnalité encore soumise à l’approbation de l’Agence régionale de santé (ARS).
Dans les hautes sphères, le dispositif est plutôt bien accueilli. Comme au niveau de l’Ordre des médecins de la Loire dont le secrétaire général, Jean-François Janowiak, explique dans Libération que « Dans un territoire en tension, si cela peut soulager (…) alors ça peut avoir un intérêt ». À une échelle plus locale, les médecins généralistes semblent moins enthousiastes. « Nous avons découvert l’existence de cette cabine par la presse. Il n’y a pas eu de concertation. C’est inadmissible et scandaleux », dénonce le docteur Bruno Pages mécontent de l’« opération commerciale et publicitaire d’une mutuelle ». « C’est une remise en cause de la relation médecin-patient », pense de son côté le docteur Michel Serraille, généraliste depuis trente-sept ans à Roanne. « Dans notre spécialité, cette cabine ne peut apporter quoi que ce soit », ajoute ce médecin qui y voit « une illustration de la prise de pouvoir des mutuelles sur la santé des gens ».