Cancer du poumon : un traitement novateur pour éviter la récidive
Associer immunothérapie et chimiothérapie avant la chirurgie diminue significativement le risque de décès, conclut une étude dirigée par l'Institut Curie.
Le Pr Nicolas Girard, qui dirige l’Institut du thorax Curie), qui coordonne l’étude internationale Checkmate-816, est affirmatif : “Nous espérons que le labo d’immunothérapie va faire une demande d’accès précoce en France. Ce traitement a tout pour être le nouveau standard”.
De quoi est-il question ? De l’association de l’immunothérapie et de la chimiothérapie précédant une chirurgie d’un cancer du poumon opérable, laquelle réduit de 37% le risque de récidive à deux ans et de 40% celui de décès.
Un manque de recul
En présentant lundi 11 avril les résultats prometteurs de cet essai clinique de phase III à l’occasion de la séance plénière de l’American Association for Cancer Research, l’oncologue a résumé : “Nous n’avons pas plus de recul pour l’instant, mais s’il n’y a pas de récidive dans ce délai, il est probable qu’il n’y en aura pas à cinq ans”.
Et il a ajouté que “L’étude porte sur des cancers à petites cellules (80 % des cancers du poumon), avant qu’ils soient métastatiques. Après chirurgie, un patient sur deux fait une récidive”. 358 patients faisaient partie de cette étude.
Un traitement de deux mois
Concrètement et avant la chirurgie, le traitement de deux mois consiste à associer 3 séances d’immunothérapie basées sur le nivolumab et une chimiothérapie traditionnelle. “On peut considérer que c’est un risque pour le patient, mais les résultats montrent le contraire. D’autant que chez un quart des patients, la tumeur devient non cancéreuse après le traitement”, nuance le spécialiste.
Il rappelle qu’auparavant, des études ont porté sur un traitement équivalent, mais administrés après l’intervention chirurgicale. En plus de résultats moins efficaces, ajoute le Pr Girard, “beaucoup de patients refusent la chimio après chirurgie, ou peuvent être trop faibles pour la supporter”.
Le besoin du dépistage
De quoi venir grossir l’intérêt d’un dépistage méthodique des personnes à risque, rappelle Ouest-France. Certes, une expérimentation à petite échelle a été autorisée dans ce but il y a peu. Mais, regrette l’oncologue, “Les pays qui le réalisent dépistent 40 % des tumeurs au stade précoce alors que nous n’en détectons que 20 %”.
Dans son avis, la Haute autorité de santé (HAS) indiquait que les études tendent à démontrer que le dépistage “chez les personnes ayant un risque augmenté de ce cancer réduit la mortalité spécifique de celui-ci”. Et que “des expérimentations françaises d’envergure sont nécessaires pour permettre de répondre aux différents points en suspens et statuer sur les modalités de dépistage les plus adaptées au système français”.
[2/2] L'étude présentée par le Pr Nicolas Girard à l'#AACR22 montre les bénéfices d'une nouvelle association immunothérapies / chimiothérapie dans le #cancerdupoumon, avec une réduction de près de 40% du risque de récidive et de décès.
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— Institut Curie (@institut_curie) April 11, 2022