Coeur artificiel : un nouveau patient, le troisième opéré avec succès à Paris
Un troisième patient a été implanté avec succès, le 8 avril à Paris, avec un coeur bio artificiel Carmat visant à remplacer de manière permanente un coeur défaillant et d’autres pourraient suivre relativement rapidement, selon l’un des médecins ayant participé à l’intervention.
L’intervention s’est déroulée à l’hôpital européen Georges-Pompidou et les suites opératoires se déroulent comme prévu.
« L’implantation s’est bien passée. Les choses évoluent favorablement », a déclaré à l’AFP le professeur nantais Daniel Duveau, qui a participé à l’intervention en compagnie du chirurgien Christian Latrémouille.
D’autres implantations pourraient avoir lieu « relativement rapidement », a-t-il ajouté. Le professeur Duveau a précisé que le 3e patient est un septuagénaire, mais s’est refusé à dévoiler tout autre détail, invoquant le secret médical.
« Il va aussi bien qu’on pouvait l’espérer après une telle intervention », a-t-il simplement déclaré. L’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) précise de son côté que le malade « est aujourd’hui autonome et bénéficie d’une rééducation visant au complet rétablissement fonctionnel de ses différents organes ».
Marcello Conviti, le directeur général du groupe Carmat, a de son côté félicité l’équipe chirurgicale pour sa nouvelle « prouesse médicale » et rappelé qu’elle faisait partie d’un essai clinique en cours devant inclure quatre patients au total « dont le pronostic vital est engagé à court terme ».
L’essai vise à tester la sécurité de la bioprothèse et d’évaluer la survie des malades 30 jours après l’implantation
La prothèse a pour ambition de pallier le manque notoire de greffons dont sont victimes des milliers de personnes. Claude Dany, 76 ans, le premier patient implanté à Paris en décembre 2013, a succombé 74 jours après la pose de la prothèse.
Le second, un homme de 69 ans, opéré à Nantes en août dernier, se porte en revanche « très bien », assure le Pr Duveau qui l’a opéré, une information confirmée par la société Carmat qui rappelle mardi qu’il « a pu retrouver une vie normale après son retour à domicile en début d’année ». Le malade avait pu quitter l’hôpital en janvier dernier grâce à un système portable d’alimentation du coeur artificiel présenté par la société Carmat comme « le plus léger de tous les dispositifs disponibles pour l’alimentation d’un coeur artificiel total ».
Interrogé sur des informations de Libération laissant entendre que sa récupération ne se déroulerait pas « de façon aussi parfaite que cela », le Pr Duveau a reconnu que le patient avait été réhospitalisé mais ajouté que c’était « normal » car « il a des visites de contrôle toutes les semaines ».
Un coeur artificiel novateur
D’autres prothèses cardiaques ont déjà été implantées dans le passé dans le monde. Mais le coeur Carmat est conçu pour remplacer de manière permanente le coeur défaillant et pas seulement faire patienter un malade en attente d’une greffe, selon son concepteur le Pr Alain Carpentier.
Il présente également la particularité novatrice d’être recouvert à l’intérieur de « biomatériaux » tirés de tissus animaux, afin d’éviter d’avoir à donner au malade des anticoagulants pour empêcher la formation de caillots. Le coeur Carmat pèse environ 900 g contre 300 g pour un coeur humain et ne peut pour l’instant être implanté que chez des personnes corpulentes, en grande majorité des hommes, ce qui complique le recrutement.
Interrogé sur l’espérance de vie attendue chez les patients dotés d’un coeur artificiel, le Pr Duveau est resté évasif. « On la leur souhaite la plus longue possible, au moins cinq ou dix ans » a-t-il dit. Dans ses résultats annuels 2014 mis en ligne au début de l’année, le groupe Carmat, coté à la Bourse de Paris, indiquait que son objectif pour 2015 était de finaliser l’essai de faisabilité en cours et d’entamer la deuxième phase d’essais qui prévoit d’implanter le coeur Carmat sur 20 à 25 patients en France et/ou à l’étranger.
Cette phase vise à examiner, en plus de la survie, des critères qualitatifs, notamment sur la qualité de vie et le confort des patients, avant une homologation et une commercialisation de l’appareil dans l’Union européenne.