Comment expliquer l’addiction créée par les réseaux sociaux ?
Que l'on soit parents d'adolescents, utilisateurs adultes féroces de ces réseaux, que savons-nous des conséquences qu'ils ont sur notre vie quotidienne ?
Le 18 novembre 2021, une dizaine d’Etats américains (ont annoncé l’ouverture d’une enquête visant à déterminer si META, la maison-mère d’Instagram, n’a pas intentionnellement laissé enfants et adolescents de moins de 13 ans (âge plancher facilement contournable) utiliser son réseau social. Ils se basent sur les documents révélés il y a quelques semaines par la lanceuse d’alerte Frances Haugen.
Plus précisément, la procureure générale du Massachusetts Maura Healey indique pour sa part dans un communiqué que les Etats à l’origine de l’ouverture de cette enquête vont examiner « si META a enfreint les lois sur la protection des consommateurs et mis le public en danger (…) Facebook, maintenant appelé Meta, n’a pas réussi à protéger les jeunes sur ses plateformes et a choisi à la place d’ignorer voire, dans certains cas, de renforcer des pratiques qui constituent une menace réelle pour la santé physique et mentale – exploitant ainsi les enfants pour faire des profits ».
Un projet d’Instagram pour enfants abandonné
Au printemps dernier, les procureurs généraux de 44 Etats avaient déjà adressé une lettre à Mark Zuckerberg lui demandant l’abandon du projet de création une version d’Instagram destinée aux moins de 13 ans.
Dans cette lettre étaient rappelées les recherches qui démontrent un lien entre utilisation des réseaux sociaux et la « hausse de la détresse psychologique et des comportements suicidaires au sein de la jeunesse ». Au mois de septembre, Facebook annonçait la mise en pause de ce projet, expliquant avoir besoin de temps « pour travailler avec les parents, les experts et les décideurs politiques afin de démontrer la valeur et la nécessité de ce service ».
Une pause annoncée avant la remise de milliers de documents au Congrès par Frances Haugen. Pas certain donc que ce projet ressorte de sitôt des cartons. « pour travailler avec les parents, les experts et les décideurs politiques afin de démontrer la valeur et la nécessité de ce service ».
Le système de récompense des réseaux sociaux
L’addiction créée par l’utilisation des réseaux sociaux ne concerne pas seulement les adolescents. Seulement, ils sont plus généralement concernés car leur lobe frontal, lequel permet la régulation des émotions et la prise de décisions dites « réfléchies » ne remplira pleinement sa fonction qu’aux alentours de vingt ans.
Parallèlement, à 12 ans, la production de dopamine tourne à plein. Cette hormone est un neurotransmetteur, c’est-à-dire qu’elle se lie à des récepteurs situés sur d’autres neurones, pour permettre la transmission de l’information d’un neurone à l’autre.
Surnommée « hormone du bonheur », la dopamine jour un rôle dans les addictions, l’amour et le plaisir sexuel. Ores applications sont développée pour augmenter cette production de dopamine. En réponse aux stimulus envoyés par les écrans, notre cerveau répond en sécrétant cette molécule. C’est le système de récompense.
Plus d’engagement, plus de temps d’écran
Autre mécanisme : l’effet Zeigarnik. Théorisé par la psychologue russe du même nom et 1929, il désigne d’après Wikipedia « la tendance à mieux se rappeler une tâche qu’on a réalisée si celle-ci a été interrompue alors qu’on cherche par ailleurs à la terminer. Le fait de s’engager dans la réalisation d’une tâche crée une motivation d’achèvement qui resterait insatisfaite si la tâche est interrompue ».
Ainsi, pour un réseau social quel qu’il soit, un système basé sur la récompense renforce la dépendance aux clics et au scrolling (le fait de faire défiler les information). Les algorithmes analysent les contenus consultés et le temps passé pour nous suggérer encore plus de contenus susceptibles de nous intéresser. C’est de cette façon que le cerveau reste insatisfait face au caractère non fini de l’activité de consulter les réseaux.