Des aspirations irréalistes à l’enfance peuvent entraîner des déceptions une fois adulte
Encourager les enfants et les ados à voir grand pour leur avenir pourrait bien leur être plus préjudiciable que bénéfique.
Dans l’édition de septembre prochain de l’European Economic Review, on trouve les conclusions d’une étude dirigée par deux chercheurs, l’un de l’Université Carlos III de Madrid, l’autre du Center for Research in Economics and Well-Being de Bâle en Suisse.
Leur but initial était de déterminer si les aspirations tant scolaires que professionnelles pendant l’enfance avaient un impact sur la mobilité sociale (autrement dit, le changement de position sociale d’une personne par rapport à celle de ses parents) et le bonheur à l’âge adulte.
Mobilité sociale : le cadre de l’étude
Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont scruté les données d’une cohorte suivant plus de 17 000 citoyens britanniques, tous né la même semaine en 1958, et depuis leur naissance.
Grâce à cette base de données, les scientifiques connaissaient les aspirations professionnelles des participants durant leur jeunesse, tout comme leur statut et profession une fois adulte.
Des facteurs clés d’une future réussite
Ce que révèle leur étude c’est que les aspirations, qu’elles soient d’ordre éducatif ou professionnel, figurent parmi les facteurs clés d’une réussite à venir. Clairement définis, ces facteurs favorisent la motivation des enfants et adolescents, lesquels vont s’investir de façon plus intense.
En revanche, les jeunes dont les parents étaient moins instruits montraient des objectifs professionnels de moindre ambition. Reto Odermatt, l’un des auteurs, explique :
« Cela ne peut pas s’expliquer seulement par les différences de revenus familiaux ou de capacités des participants. C’est plutôt dû au fait que l’inégalité semble commencer très tôt, avec leurs aspirations mêmes(…) Nous ne nous attendions pas à ce que les aspirations des parents pour leurs enfants aient une influence aussi marquée »
L’effet sur la vie d’adulte
Et quand les aspirations de jeunesse ne sont pas comblées, mal-être et déceptions peuvent apparaitre. Mais l’inverse (satisfaction accompagnant de meilleurs résultats) a pu être observé.
Les chercheurs concluent :
« Nous ne devons pas laisser seulement aux parents le soin d’influencer les aspirations professionnelles des enfants, les écoles peuvent intervenir ici (…) Cela pourrait les encourager à regarder au-delà de leur propre horizon. Après tout, la vision du monde d’une personne est souvent fortement définie par son environnement ».