Des bactéries sont-elles impliquées dans la sévérité du cancer de la prostate ?
Ces cinq nouvelles espèces ont été découvertes, ouvrant potentiellement la voie à de nouveaux traitements.
Dans notre pays et chaque année, environ 50 000 nouveaux cas de cancer de la prostate sont diagnostiqués, le plus souvent entre 70 et 80 ans.
Une récente étude dont les résultats ont été publiés dans la revue European Urology Oncology, et qui a été menée sur 600 hommes par des chercheurs britanniques, révèle que cinq nouvelles espèces de bactéries sont associées à une progression rapide de ce cancer.
Des cas plus sévères à cause de ces bactéries ?
C’est ce qu’ont révélé les résultats de test d’urine d’hommes présentant une ou plusieurs de ces espèces (dont 3 étaient inconnues auparavant) dans leur urine, leur prostate ou leur tissu tumoral. Il s’avère que pour eux, le risque de voir leur cancer progresser rapidement était 2,6 fois plus important que pour ceux ne présentant pas ces bactéries.
Pour Rosalind Eeles, généticienne du cancer à l’Institute of Cancer Research de Londres et qui n’a pas participé à l’étude, l’enjeu de cette découverte est de taille : “Si l’équipe peut démontrer que ces bactéries nouvellement identifiées peuvent non seulement prédire, mais également provoquer un cancer de la prostate agressif, pour la première fois nous pourrons peut-être prévenir l’apparition du cancer. Ce serait une énorme percée qui pourrait sauver des milliers de vies chaque année”.
Développer un antibiotique
Au Guardian, le Pr Colin Cooper de l’University of East Anglia et qui a mené la recherche, résume quant à lui : “Si l’on savait avec certitude qu’une espèce de bactérie est à l’origine du cancer de la prostate, on pourrait mettre au point un antibiotique pour l’éliminer, ce qui empêcherait la progression du cancer, peut-on espérer”. Mais il nuance juste ensuite : “Il y a de nombreuses complications. Les antibiotiques ne pénètrent pas très bien dans la prostate et il faudrait choisir un antibiotique qui ne tue que certaines bactéries”.
Pour résumer, il s’agirait d’une avancée fabuleuse si un simple antibiotique permettait d’éliminer la ou les bactéries en cause dans ce cancer qui représente 25% des cancers masculins et qui avait causé 8 100 décès en 2018.