Marisol Touraine veut améliorer l’accès à l’avortement
La ministre de la Santé Marisol Touraine veut améliorer l’accès à l’avortement, une initiative saluée par des associations et des professionnels. Avec une prise en charge à 100% étendue aux échographies et aux examens biologiques, numéro national d’appel, IVG médicamenteuse pratiquée par les sages-femmes. 40 ans après la loi Veil, Marisol Touraine veut étendre la couverture et simplifier l’ensemble des démarches.
Certains toutefois demandent aussi davantage d’efforts dans la prévention.
Devant les élus locaux et le personnel de l’hôpital qu’elle visitait vendredi à Saint-Denis, Mme Touraine a ainsi détaillé les 3 axes de son programme d’action: informer, simplifier le parcours, garantir l’accès à l’Interruption Volontaire de Grossesse sur tout le territoire.
La ministre a annoncé la création en septembre d’un numéro national unique d’appel pour répondre aux questions sur la sexualité, la contraception et l’IVG, de même que celle d’un portail web. En parallèle, une campagne d’information sera lancée. Depuis 2013, l’IVG est totalement remboursé par la Sécurité sociale. Désormais les actes associés le seront aussi, avec la prise en charge à 100% des échographies et examens biologiques, a-t-elle indiqué.
Nicolas Dutriaux, membre du Conseil national des sages-femmes (CNSF), se dit satisfait du plan ministériel. Il estime toutefois que la prise en charge à 100% devrait concerner également “les consultations de contraception et tous les contraceptifs”.
Autre mesure pour faciliter la “fluidité” des parcours : formaliser une procédure pour les IVG entre 10 et 12 semaines de grossesse, qui doivent être pratiquées en urgence du fait de la proximité avec le terme légal. Mme Touraine a également exprimé sa volonté d’assurer à chaque femme qu’elle trouverait un moyen d’avorter près de chez elle. “Quand l’accès à l’avortement n’est pas facile, ce sont les femmes les plus fragiles socialement qui en payent le prix”, a estimé la ministre.
Une avancée positive
Pour garantir aux femmes le “choix” de la méthode utilisée, la ministre a proposé que les sages-femmes soient à l’avenir autorisées à réaliser des IVG médicamenteuses et les médecins des centres de santé des IVG instrumentales.
Pour Sophie Guillaume, présidente du CNSF, il s’agit d’une “avancée positive et qui renforce la reconnaissance de notre métier comme profession médicale”. La ministre a également annoncé l’inscription dans la loi de Santé de la facilitation du recrutement de médecins contractuels dans les établissements pratiquant des IVG.
Le Planning familial s’est félicité de ce plan, regrettant toutefois le “maintien du délai de réflexion et de la clause de conscience”, qui “grève encore la pleine reconnaissance du droit de choisir pour les femmes”. “Mais il faut aussi penser à la prévention des grossesses non désirées”, relève de son côté la présidente du CNSF. “L’avortement est l’aboutissement d’un processus sur lequel on peut intervenir en amont”, poursuit-elle.
“C’est un acte qui peut rester un traumatisme pour une jeune femme, et même pour un homme”, souligne encore Sophie Guillaume. “La pilule, la contraception d’urgence, c’est très bien, mais ce n’est pas suffisant dans l’action préventive”, notamment pour les adolescentes, ajoute-t-elle.
Le CNSF s’est notamment “positionné, avec le collectif qui mène la grève des sages-femmes depuis plus d’un an, pour une consultation dédiée à l’adolescente de 16 ans prise en charge à 100% et réalisée par les médecins et les sages femmes”, sur le modèle des examens bucco-dentaires.
Environ 210.000 avortements sont pratiqués chaque année, un chiffre stable.
Dans le cadre du 40e anniversaire de la loi Veil, Marisol Touraine et Pascale Boistard participeront samedi à une “journée militante” pour “le droit à l’avortement en France et en Europe”, intitulée “Bougez pour l’IVG”.