La mutuelle étudiante LMDE, en péril depuis des mois
La Mutuelle des étudiants (LMDE), aux 920.000 affiliés et 35 millions d’euros de dettes engendrées en partie par des frais de gestion exorbitants, sera fixée sur sa demande de sauvegarde judiciaire, seul moyen d’éviter sa liquidation.
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Placée sous administration provisoire depuis juillet, la LMDE, connait de très grandes difficultés financières, qui se sont accumulées depuis sa création en 2000 sur les ruines de la Mnef.
A celles-ci se sont ajoutées des problèmes techniques (délais de remboursement de plus en plus longs, cartes vitales adressées tardivement), mis en avant notamment dans un rapport de la Cour des comptes publié en 2013, et à l’origine de l’ire des étudiants et de leurs familles.
Pour l’administratrice provisoire de la mutuelle, Anne-Marie Cozien, le salut ne peut venir que de la sauvegarde judiciaire. « Cela permettrait le gel des dettes antérieures » à la décision de justice et « la nomination d’un administrateur judiciaire », pour prendre les décisions les plus importantes, en vue d’un plan de sauvetage, a-t-elle expliqué à l’AFP.
Pendant cette procédure, « tous les étudiants seront remboursés de leurs frais de santé », a-t-elle assuré.
Souci supplémentaire pour la LMDE: il faut trouver le moyen de rembourser les 5 millions d’euros dus aux étudiants. Les grandes difficultés que traverse la mutuelle risquent de l’entrainer vers une « cessation de paiement d’ici la fin de l’année si rien n’est fait », s’est-elle inquiétée.
Pour William Martinet, président de l’Unef, premier syndicat étudiant dont les membres sont étroitement liés à la LMDE, « l’objectif est aussi de faire pression sur les créanciers, comme la MGEN, pour qu’ils renoncent à leur remboursement ». « Si la LMDE est en cessation de paiement et en liquidation judiciaire, tout le monde aura tout perdu y compris la MGEN qui a une créance de 15 millions d’euros auprès de la LMDE », explique-t-il.
Au-delà de la question du financement, pour Alexandre Leroy, président de la deuxième organisation étudiante (Fage), avec les mutuelles étudiantes, « ce qui marche mal c’est la philosophie de la gouvernance ». Pèle-mêle, le jeune élu épingle le « nombre d’indemnités versées pour les administrateurs », le « manque de prévention auprès des jeunes » et la « difficulté de gérer à la fois le régime obligatoire et le régime complémentaire ».
Les salariés sont eux beaucoup plus sceptiques sur la démarche à suivre pour sauver cette mutuelle. « On est opposé à la mise sous sauvegarde », prévient Frédérique Gallia, représentante de l’intersyndicale des salariés. « Ce qu’on veut, c’est une table ronde avec tous les acteurs pour trouver une solution globale », précise-t-elle à l’AFP. « Le gel des dettes, ça ira un moment mais ça ne durera pas l’éternité », prévient la déléguée syndicale qui sera entendue lundi par le juge à Créteil.
Née sur les cendres de la MNEF, dossier dans lequel plusieurs responsables socialistes avaient été condamnés, la LMDE n’a pas eu les moyens financiers d’assumer son rôle, affirment les salariés et les gestionnaires. Dès sa création, le fond de roulement était insuffisant et la seule émission de titres participatifs ne pouvait répondre aux besoins financiers.