Une étude canadienne souligne les vertus de la capsaïcine, le composé à l'origine qui nous "brûle la bouche".
La capsaïcine. Un mot aussi dur à prononcer correctement du premier coup qu’à avaler ! Car il s’agit ni plus ni moins d’un composé chimique naturel du piment fort, celui qui nous pousse à des grimaces insensées tant il est puissant en bouche.
Mais outre sa capacité à donner un coup de fouet à nos aliments, le piment fort peut-il nous soigner ? C’est en tout cas ce qu’avance une étude de l’Université de Montréal.
Une brûlure qui… Soulage
D’après eux, quand la capsaïcine est appliquée sur la peau sous forme de crème, elle est en mesure de soulager certaines douleurs arthritiques ou celle liée à la névralgie postherpétique, qui est la complication la plus fréquente du zona.
Et l’effet sur la peau est semblable à celui procuré par la dégustation, c’est-à-dire qu’une sensation de brûlure survient, avec une rougeur et une inflammation. Mais la douleur serait dans le même temps soulagée. Le Pr Réjean Couture, du Département de pharmacologie et physiologie de l’Université de Montréal, en explique la raison : “Cela peut sembler paradoxal mais c’est comme combattre le feu par le feu : la capsaïcine active un récepteur de la douleur situé à l’extrémité périphérique des neurones sensitifs qui, sous cet effet, se vident de tous les médiateurs chargés d’indiquer la douleur au cerveau !”, rapporte le site PouquoiDocteur?.
Et en version alimentaire ?
En la consommant de façon alimentaire, les vertus deviennent antioxydantes, anticancérigènes et préventives de l’obésité. Dans leur étude, les chercheurs indiquent que la substance “pourrait influer sur le cycle de vie des cellules cancéreuses en favorisant l’apoptose, la mort programmée des cellules, mécanisme qui ne fonctionne plus normalement dans les cellules cancéreuses (…) La capsaïcine aurait cette vertu de participer à la destruction de certaines d’entre elles. Ensuite, la molécule aurait des propriétés antiobésogènes, comme l’augmentation de la dépense énergétique et de la sensation de satiété”.
Cependant, les scientifiques reconnaissent que ces conclusions ne s’appliquent qu’à des test in vitro, donc pas encore sur l’Homme. Valérie Marcil, professeur au département de nutrition de l’université de Montréal, explique pourquoi leur étude est limitée par cet aspect fondamental : “c’est comme cela pour tous les nutriments , on ne les mange qu’en tant que composants des aliments et ces derniers ne sont pas des médicaments puisque leurs effets, même s’ils sont réels, ne sont souvent que le résultat d’une combinaison de facteurs”.
Pour autant, une étude allemande publiée au printemps 2021 a déjà démontré que la capsaïcine peut traiter les infections bactériennes résistantes aux antibiotioques.