Des morts-vivants comme cobayes pour les apprentis chirurgiens
Dans la faculté de Poitiers, les étudiants en chirurgie peuvent s’entrainer sur des cadavres auxquels on a connecté un système pour simuler la vie.
Puisque se faire la main sur des cadavres ou des mannequins devenait insuffisant pour maitriser les techniques de chirurgie, un spécialiste en biomécanique a inventé un système baptisé « Simlife« , qui permet de simuler la vie sur des cadavres. Leurs poumons se gonflent, le sang circule, le cœur bat, tout est fait pour coller au mieux à la réalité.
Simlife : le système qui simule la vie sur des cadavres
Avant d’opérer leur premier patient, les apprentis chirurgien doivent bien s’entrainer. A la faculté de Poitiers, les élèves se font la main sur des cadavres auxquels on a « redonné la vie ». Cyril Brèque, un spécialiste en biomécanique, a conçu un système permettant de simuler la vie. Cette machinerie utilise un système hydraulique pour la circulation du sang, une partie pneumatique qui permet de simuler la respiration. Les étudiants se trouvent ainsi confrontés à une situation très réaliste.
« On se rendait bien compte que les dissections classiques ne répondaient plus aux attentes« , expliquait le professeur Jean-Pierre Richer, responsable du Centre de simulation de la faculté, inauguré récemment, en ajoutant : « Il fallait évoluer alors que dans le même temps, la formation pratique de l’interne a beaucoup diminué (…) On n’apprend plus au bloc, à côté du chirurgien et d’un vrai patient. Les nouvelles directives nationales disent bien « Jamais sur le patient la première fois« . 4 Simlife ont été conçus jusque-là pour un coût de 20 000 euros.
Un système qui colle à la réalité
La dépouille est décongelée tout doucement, le corps passant de -22°C à +37°C en quelques jours. Sur la table d’opération le corps pourrait être confondu avec celui d’un vivant. Le sang est fabriqué avec de la peinture mélangé à un additif pour donner de la viscosité et redonne quelque peu des couleurs au corps du cadavre.
Les étudiants ont l’impression de se trouver devant une situation réelle, « Vous voyez, nous avons deux professionnels mais ils sont complètement absorbés par leur travail, ils ont oublié que c’est une simulation. C’est la vraie vie dans un bloc avec tous ses aléas. Ce qui est irremplaçable pour un chirurgien, c’est d’avoir le toucher. Si on simule la respiration sur ces corps, c’est aussi pour gêner le travail du chirurgien« , commentait le Pr. Richer.
Encore en phase de test, à la rentrée 2016 quelques internes pourront se former à la chirurgie sur des Simlife.