Le pari raté de Marisol Touraine alourdit la facture des patients
Désireuse de voir les médecins pratiquant les dépassements d'honoraires baisser leurs tarifs, la ministre de la Santé avait pris un pari qui s'est révélé perdant et qui réduit finalement le remboursement de certaines consultations.
Soucieuse de limiter et inverser la tendance des dépassements d’honoraires pratiqués par les professionnels de santé des secteurs 2 et 3, Marisol Touraine avait, fin 2013, adopté une réforme. Mise en place au premier janvier 2016, cette réforme limitant le remboursement des mutuelles des dépassements d’honoraires devait inciter les spécialistes les pratiquant à revoir leurs tarifs à la baisse. C’est un pari raté car les professionnels de santé des secteurs 2 et 3 n’ont pas abaissé leurs tarifs pour s’adapter aux remboursements. Ce sont donc les patients qui doivent payer, de leur poche, la différence qui peut rapidement grimper.
Le plafonnement des remboursements des mutuelles
Auparavant, il était fréquent que de nombreux professionnels de la santé, comme par exemple les dentistes ou les opticiens, calquent leurs tarifs sur le montant maximal remboursé par la mutuelle du patient. La ministre de la Santé avait donc fait le pari qu’en plafonnant les remboursements des mutuelles santé, les spécialistes allaient revoir leurs dépassements d’honoraires pour les adapter aux nouvelles conditions de remboursement. C’est un pari perdu car ceux-ci ont laissé inchangé le prix de leur consultation, laissant au patient la charge de régler la différence.
Depuis le premier janvier 2016 donc, les mutuelles plafonnent le montant de leur remboursement à hauteur de 200 % du tarif de la sécu. Concrètement, si un spécialiste de secteur 2 ou 3 facture 65 euros la consultation, la sécu ne remboursera que 23 euros et la complémentaire santé ne remboursera plus que 23 euros elle-aussi, là ou elle remboursait toute la différence auparavant. Il reste donc 19 euros qui sont entièrement à la charge du patient.
Des frais qui peuvent être important pour certains patients
Nos confrères de « Le Figaro » ont mis en évidence certains exemples entraînant un reste à charge pour le patient particulièrement onéreux. Ainsi, une ablation de la prostate réalisée par un spécialiste pratiquant un dépassement d’honoraires peut coûter jusqu’à 1645 euros au patient.
Pour les patients ne pouvant se permettre de payer la différence de remboursement, il est conseillé de s’adresser à des spécialistes inscrits en secteur 1. Certaines spécialités, comme la gynécologie par exemple, ne peuvent proposer que très peu de praticiens en secteur 1. Afin de pallier ce manque, le gouvernement à mis en place le « contrat d’accès aux soins ». Cependant, seuls un tiers des professionnels de santé a, pour le moment, accepté ce contrat et tout particulièrement dans les grandes villes.