Permanence médicale le week-end: une organisation “illisible” et coûteuse
L’organisation des soins en dehors des horaires d’ouverture des cabinets médicaux reste insuffisante, mal identifiée par les patients et mal répartie sur le territoire, juge un rapport parlementaire présenté mercredi, qui préconise par ailleurs une meilleure maîtrise de “l’évolution préoccupante” des dépenses.
Entre le 15, le 18 et les numéros téléphoniques d’associations telles que SOS Médecins, le système actuel est “illisible” pour les patients qui ne savent pas à qui s’adresser en cas de problème médical ne relevant pas d’une urgence vitale la nuit, les week-ends ou jours fériés, selon ce rapport adopté en commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale.
Bien qu’existant depuis près de 15 ans, la permanence des soins ambulatoires (PDSA) — mission de service public en 2009 — reste “marquée par de multiples insuffisances”, dont le “manque patent de coordination entre les acteurs”.
Des “inégalités territoriales et sociales” persistent par ailleurs. Localement, des raisons financières ont entraîné l’arrêt des gardes après minuit et le renvoi des patients aux urgences hospitalières. Ailleurs, c’est le volontariat des professionnels de santé, socle de la permanence des soins mais aussi “son talon d’Achille”, qui est source d’inégalités, selon les parlementaires qui déplorent “l’érosion continue du nombre des médecins volontaires”.
Le rapport avance des recommandations pour améliorer le dispositif. Parmi elles, une meilleure structuration de l’offre de soins qui passe, entre autres, par l’implantation des maisons médicales de garde.
Ces structures, où des médecins généralistes assurent des permanences le soir et le week-end, apparaissent comme “des solutions d’avenir” et assurent “une véritable coordination des soins”. Elles devraient être encouragées afin d’éviter que les urgences hospitalières ne soient “trop systématiquement perçues comme le recours le plus expédient”, note le rapport.
Autre axe: le numéro national d’appel, distinct du 15, inscrit dans le projet de loi santé, en examen au Parlement. Il “apporte une première réponse” pour sortir du “maquis téléphonique” mais “l’horizon ultime” est de parvenir à un numéro spécifique.
Des efforts sont également à fournir dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes qui manquent parfois de personnel soignant pendant la nuit. Leur manque de formation se traduit “le plus souvent par des appels répétés” et quasi-systématiques aux urgences.
Alors que la gestion de la PDSA est actuellement déconcentrée vers les Agences régionales de santé, les députés plaident aussi pour un “pilotage national” du dispositif afin d'”éviter les dérives financières et de garantir une certaine harmonisation”.
En 2013, l’enveloppe consacrée à la PDSA avoisinait les 380 millions d’euros, couvrant les forfaits d’astreinte de régulation, les honoraires et majorations d’actes.