Revenge porn : seulement 44 % des personnes condamnées éprouvent des remords
Face au revenge porn, des chercheurs ont décidé d’analyser les comportements des condamnés.
Dans un monde de plus en plus connecté, de nouvelles déviances font leur apparition. Durant ces dernières années, le revenge porn, soit le partage d’images à caractères sexuels sans le consentement d’un(e) de ses exs, est devenue monnaie courante. A travers une nouvelle étude publiée dans la revue First Monday, des chercheurs ont mis en évidence les comportements des condamnées pour revenge porn. D’après ces travaux, 44 % des personnes reconnues coupables éprouveraient des remords et 24 % rejetteraient la faute sur leurs victimes.
Comment réagissent les auteurs de revenge porn après avoir été arrêtées ?
Amy Hasinoff et Sidsel K. Harder, deux chercheuses de l’université du Colorado de Denver, ont décidé d’analyser les comportements des personnes ayant commis du Revenge Porn. Pour être plus précis, les propos des condamnés ont été analysés. Dans 24 % des cas, soit un sur quatre, les auteurs de revenge porn soulignaient que cela était de la faute de la victime, en précisant parfois que cette dernière était une « mauvaise personne ». La Pr Hasinoff explique « Parfois, les gens choisissent de partager des images sexuelles d’autres personnes sans leur permission ». Ces derniers le font afin de causer du tort, mais aussi « par négligence et imprudence ou parce qu’ils pensent que cela n’a pas d’importance ou qu’ils se sentent en droit », ajoute-t-elle.
56 % des auteurs nient quant à eux toute responsabilité. Les 44 % restant éprouvent de leur côté des remords et reconnaissent avoir commis des actes préjudiciables. Ces derniers plaident ainsi toujours coupables devant les juges en expliquant avoir honte de leurs actes. Ils justifiaient le revenge porn face à la colère qu’elles avaient envers leur victime ou par imprudence et besoin de respect de la part de leurs pairs.
Face à ces résultats, la Pr Hasinoff explique « Au lieu de considérer toute personne qui partage une image sexuelle sans autorisation comme une ‘mauvaise personne’ irrémédiable et de la punir, il serait peut-être préférable pour la victime que la personne qui a commis ce type de préjudice bénéficie d’un accompagnement et d’une aide pour comprendre les effets de ce qu’elle a fait et pour essayer de trouver des moyens significatifs de réparer ce préjudice ».
Elle ajoute que cela est « un problème de société qui prend racine dans les normes de genre – comme la façon dont certains hommes se sentent autorisés à traiter les femmes comme des objets sexuels – donc une partie de la solution doit être d’aider les gens à comprendre pourquoi et comment désapprendre ces idées ».