Les rhumatologues protestent contre le déremboursement de l’acide hyaluronique
Le déremboursement du traitement de l'arthrose par injection d'acide hyaluronique ne plait pas aux rhumatologues, pour qui cette mesure coûterait 800 millions à terme.
Alors que la décision du ministère de la Santé de dérembourser le traitement à l’acide hyaluronique approche, les rhumatologues et patients s’y opposent. Cette injection pour traiter les douleurs liées à l’arthrose ne sera plus remboursée à partir de juin de cette année. L’économie de 68 millions d’euros avancée par le gouvernement est un pas en avant pour mieux reculer selon les contestataires, qui estime à terme le coût de ce choix à 800 millions d’euros.
Un coût de 68 millions d’euros…
Le Parisien rappelle que cette décision se base sur le fait que la Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux ait dégradé la note du service rendu par les injections intra-articulaires d’acide hyaluronique. La ministre de la Santé Marisol Touraine, avance qu’avec 700.000 injections annuelles au coût unitaire de 120 euros, ce choix permettrait de faire économiser 68 millions d’euros à la collectivité.
Mais les rhumatologues et leurs patients ne sont pas du même avis. Les membres du Collège français des médecins rhumatologues, de la Société française de rhumatologie, du Syndicat national des médecins rhumatologues et le président de l’Aflar (Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale) se sont réunis, soutenus par une pétition signée par 400.000 patients. Ils ont pris la plume dans une lettre ouverte à destination du ministère, pour espérer se faire entendre.
…qui permet d’éviter bien plus
Outre le fait que la ministre avait promis de ne pas procéder à des déremboursements lors de son mandat, les médecins lui rappellent également dans leur lettre consultée par Le Parisien qu’il s’agit d’un “traitement dont l’effet est certes modéré, mais bien réel et qui reste, n’en déplaise à ses détracteurs, celui qui offre le meilleur rapport bénéfice-risque dans cette maladie”.
Les médecins déplorent également que cette mesure va principalement impacter les plus pauvres. Ils soulignent que la version médicament de l’acide hyaluronique injectable toujours sur le marché, mise en avant par le ministère, est moins performante et demande des injections plus fréquentes en plus de n’être remboursée qu’à 15%. Ils notent en plus que la France, qui à deux fois moins recours au prothèses totales du genou grâce à une bonne prise en charge en amont, va voir ce marché grimper pour une facture finale de 800 millions d’euros par an à raison d’un coût unitaire de 7 000 à 13 000 euros.