À Londres, des traces du virus de la polio décelées dans les eaux usées

Illustration : logo de l'Organisation Mondiale de la Santépadrinan / Pixabay
Si ce dérivé d'une souche de vaccin est retrouvé une à trois fois par an, le fait que les "isolats" soient "génétiquement liés" est inédit.
Mercredi 22 juin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), conjointement avec les autorités sanitaires du Royaume-Uni, ont annoncé avoir décelé une forme de poliovirus dérivée d’une souche vaccinale dans des échantillons d’eaux usées à Londres.
Pourquoi est-ce une surprise ? Car l’éradication de la poliomyélite est quasiment atteinte. Ainsi, entre les mois de février et mai derniers, une station d’épuration du nord de la capitale britannique est à l’origine de plusieurs échantillons positifs à ce virus. Dans son communiqué, l’OMS précise cependant : “Il est important de noter que le virus a été isolé uniquement dans des échantillons environnementaux – aucun cas associé de paralysie n’a été détecté”.
Un lien génétique qui pose question
L’instance internationale appelle pour autant : “Tous les pays, en particulier ceux qui ont un volume élevé de voyages et de contacts avec les pays et zones touchés par la polio, doivent renforcer la surveillance afin de détecter rapidement toute nouvelle importation de virus et de faciliter une réponse rapide (…) Toute forme de poliovirus, où qu’elle se trouve, constitue une menace pour les enfants du monde entier”.
Certes, il n’est pas rare d’en retrouver des traces dans les eaux usées à l’échelle du royaume, de 1 à 3 fois par an ces dernières années. Mais cette fois, il est inédit que de tels “isolats” “sont génétiquement liés” entre eux.
Un dérivé d’une souche vaccinale
Les traces correspondent à un “poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale”, connu sous l’abréviation PVDVc et qui est moins courant. Mais s’il est plus rare, sa fréquence est en hausse ces dernières années en raison de la faible couverture vaccinale parmi certaines populations.
C’est suite à l’administration d’un vaccin antipolio oral (VPO) que des traces peuvent être retrouvées dans les selles. Mais ce VPO n’est plus en usage dans le pays depuis près de vingt ans, quand d’autres pays en ont encore l’usage.
Comment expliquer sa présence ?
Il reste à savoir pour quelle raison ces traces ont pu être décelées. Les autorités sanitaires penchent pour le cas d’une personne vaccinée il y a peu avec le VPO dans un autre pays avant son entrée au Royaume-Uni, avant février donc.
Kathleen O’Reilly, épidémiologiste à la London School of Hygiene and Tropical Medicine et spécialiste de cette maladie, estime que “Ces résultats suggèrent qu’il peut y avoir une propagation localisée du poliovirus, très probablement chez des personnes qui ne sont pas à jour de leur vaccination contre la polio”.