Accidents médicaux : Les associations de défense des victimes veulent savoir !
L’association de défense des victimes d’infections nosocomiales et d’erreurs médicales réclame davantage de transparence sur les dizaines de milliers patients qui meurent chaque année en France d’accidents médicaux dont une part pourrait être évitée.
En 2015, « nous sommes toujours incapables de dire combien de patients décèdent ou restent invalides à la suite d’erreurs médicales évitables, qu’elles soient d’origine médicamenteuse, liées à des fautes de pratique ou d’origine nosocomiale », écrivent Béatrice Ceretti et Claude Rambaud, présidente et vice-présidente du Lien à l’occasion de 5es Etats généraux de l’association organisés jeudi à Paris.
Mot d’ordre « accidents médicaux : nous voulons savoir ! »
« Si l’on prend les quelques données que l’on a, les accidents médicaux sont responsables d’au moins 30.000 à 40.000 décès, dont la moitié sont évitables », explique Alain Michel Ceretti, fondateur du Lien. Ces données, déduites d’études américaines, sont « raisonnables pour tous les pays occidentaux », selon le Pr René Amalberti, conseiller sécurité des soins à la Haute autorité de santé (HAS).
« Il n’est pas admissible que l’on n’ait pas d’étude nous donnant des chiffres objectifs de mortalité. On ne peut pas lutter contre un phénomène qu’on ne mesure pas. Nous avons le sentiment que les politiques de tous bords se refusent depuis des années à le mesurer… parce que ce sont des chiffres qui dérangent », lance M. Ceretti.
Le Lien « veut des mesures d’accidentologie liée aux soins, que des enquêtes réelles soient faites en établissements de santé comme dans un certain nombre de pays dont le Royaume-Uni, la Suède ou les Etats-Unis ».
Les effets secondaires des médicaments sont responsables d’au moins 18.000 décès chaque année en France, plus que les suicides et les accidents de la route réunis, déclarait en 2013, un spécialiste, le Pr Bernard Bégaud, lors du procès du Mediator à Nanterre. « Un tiers de ces décès correspondent à des prescriptions qui ne sont pas justifiées », assurait-il.
Les infections nosocomiales sont responsables de quelque 10.000 morts par an, selon un rapport sénatorial.
« Nous voulons des indicateurs par service et non par établissement (privé et public) sur le taux de mortalité et d’infection, afin de permettre aux patients de savoir ce qui se passe dans le service où ils ont l’intention d’aller ». « Ce qu’une maman veut savoir, c’est dans quel service elle va mettre son enfant », poursuit le fondateur du Lien.
Autre problème, les dossiers d’accidents médicaux acceptés par les commissions régionales de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux (CRCI) amiable ne font l’objet d’aucune étude.
Ainsi, « les autorités sanitaires ne sont pas informées sur les professionnels qui ont un taux anormal d’accidents médicaux », toujours selon M. Ceretti. « On ne fait donc aucun lien en matière de prévention. Or, dans la moitié environ de ces dossiers, soit 900 par an, la responsabilité d’un professionnel ou d’un établissement est reconnue ».
Mais, toujours selon le fondateur du Lien, le projet de loi santé pourrait corriger cette situation en confiant l’analyse de ces dossiers et expertises à une autorité indépendante. Les Etats généraux du Lien, qui se tiennent tous les deux ans, permettent de parler des progrès mais aussi de ce qui ne va pas.
La e-santé et le déferlement des objets connectés, ainsi que l’innovation (alimentation, risque infectieux…) sont également au programme de ces rencontres entre patients, professionnels de santé et chercheurs.