Des lentilles télescopiques et cellules photovoltaïques contre la cécité
Des lentilles de contact télescopiques ou des cellules photovoltaïques sont les dernières avancées qui pourraient permettre aux personnes souffrant de dégénérescence liée à l’âge de recouvrer en partie la vue, selon prototypes présentés par des scientifiques vendredi.
Ces lentilles expérimentales peuvent quasiment tripler l’acuité visuelle quand elles sont portées avec des lunettes 3D. Celles-ci déclenchent un mini télescope intégrée dans ces lentilles de 1,55 millimètre d’épaisseur quand la personne cligne de l’oeil.
« Nous pensons que ces lentilles sont très prometteuses pour les personnes dont la vue est faible ou souffrant de dégénérescence maculaire », a expliqué Eric Tremblay, un chercheur de l’Institut fédéral suisse de technologie (EPFL), qui a mis au point ce prototype présenté vendredi à la conférence annuelle de l’American Association for the Advancement of Science (AAAS) réunie cette semaine à San Jose en Californie.
Ces personnes peuvent lire plus facilement et mieux voir les visages et les objets.
Quelque 285 millions de personnes dans le monde sont malvoyants et la dégénérescence maculaire est la principale cause de cécité chez les adultes âgés dans le monde occidental, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.
« Il y a un besoin important de développer des systèmes compacts et intégrés et les lentilles de contact sont à cet égard attrayantes », a-t-il ajouté notant que ces travaux sont encore au stade de la recherche. « Mais nous sommes confiants que ces lentilles de contact seront une option réelle pour les personnes atteintes de dégénérescence maculaire ou autre », a souligné le scientifique.
Les lentilles en question permettent de basculer automatiquement d’une vue normale à une vision grossie 2,8 fois.
« Dans beaucoup de cas une loupe est très utile pour ces personnes qui en portent d’ailleurs parfois montées sur des lunettes mais cela n’est pas du tout pratique », a relevé Eric Tremblay dont le projet est financé par la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), l’agence de recherche du Pentagone.
Ces lentilles de contact intègrent la loupe et disposent ainsi de deux champs de vision, un grossi et l’autre normal.
Quand la personne cligne de l’oeil droit, les lunettes 3D modifient la polarisation de la lumière qui frappe les lentilles de contact à un angle déclenchant l’effet de loupe. Il suffit de cligner de l’oeil gauche pour y mettre fin.
L’autre avancée présentée à la conférence de l’AAAS est celle du Dr Daniel Palanker de l’Université Stanford en Californie (ouest). Il s’agit de lunettes équipées d’une caméra qui envoie des images à la rétine dont les nerfs sont stimulés par des centaines de cellules photovoltaïques. Celles-ci convertissent la lumière en impulsions électriques. Ces signaux sont ensuite transmis au cerveau ce qui permet à la personne de voir ces images.
« Nous avons pu rétablir la moitié de la vision normale chez des rats », a dit le chercheur qui espère commencer des essais cliniques avec des humains en 2016 en France. Il est associé avec l’entreprise française Pixium Vision basée à Paris.
Outre les recherches en vue de mettre au point un oeil bionique, il y a aussi l’optogénétique qui consiste à modifier génétiquement les cellules rétiniennes pour les rendre de nouveau sensibles à la lumière ainsi que la greffe de cellules-souches pour remplacer les tissus rétiniens endommagés.
Le professeur Palenker a expliqué que ces approches « pourraient marcher un jour mais n’ont pas encore permis de produire des photorécepteurs et n’offrent pas ainsi de solution pour le moment aux patients atteints de dégénérescence maculaire alors que nos microprocesseurs fonctionnent bien chez les animaux ».