Des médecins alertent sur la ménorexie : comprendre ce trouble grave et ses premiers symptômes

Image d'illustration. Gros plan abdomen femmeADN
Des médecins tirent la sonnette d’alarme face à la ménorexie, un trouble préoccupant de plus en plus observé. Ils expliquent ce phénomène, ses caractéristiques et les premiers symptômes qui doivent alerter pour une prise en charge rapide.
Tl;dr
- Ménorexie : perte de règles liée à des troubles alimentaires
- Graves risques hormonaux, osseux et psychologiques
- Signes discrets, vigilance et suivi médical recommandés
Un phénomène sous-estimé : la « ménorexie » inquiète les experts
Si le terme anorexie est bien connu du grand public, un mot moins familier commence à inquiéter la communauté médicale : la ménorexie. Derrière cette appellation nouvelle, une réalité préoccupante se dessine. Il s’agit d’une perte ou d’un arrêt prolongé des règles (l’aménorrhée) chez des femmes qui suivent des restrictions alimentaires extrêmes ou adoptent des comportements assimilés à des troubles du comportement alimentaire.
Concrètement, ce trouble n’a pas encore trouvé sa place officielle dans les manuels médicaux comme le DSM-5, mais il revient de plus en plus souvent dans les observations cliniques, notamment chez les jeunes femmes. Les spécialistes s’accordent à dire que la suppression du cycle menstruel n’est pas qu’une question « esthétique » ou anodine : elle révèle souvent un déséquilibre hormonal profond et persistant.
Dérèglement hormonal et complications silencieuses
Dans le cas de la ménorexie, l’organisme répond au manque de nutriments et au stress continu en réduisant la production d’hormones reproductrices. Cette adaptation entraîne alors l’arrêt de l’ovulation et donc la disparition des règles. Un mécanisme de survie qui expose les patientes à plusieurs dangers : une baisse drastique d’œstrogènes, par exemple, favorise la perte osseuse et augmente nettement le risque de fractures précoces. Or, c’est justement pendant la jeunesse que se construit le capital osseux.
Par ailleurs, il ne faut pas négliger les effets secondaires sur le métabolisme : fatigue chronique, frilosité inhabituelle, chute de cheveux ou peau sèche peuvent accompagner cette carence hormonale. Sur le plan psychologique enfin, on observe fréquemment anxiété accrue, dépression ou irritabilité marquée lors des repas.
Des symptômes subtils mais révélateurs
La difficulté majeure avec la ménorexie, c’est que son apparence physique n’est pas toujours alarmante. Nombreuses sont celles qui présentent un poids « normal », rendant ainsi la détection plus complexe pour l’entourage et parfois même pour les médecins.
Voici quelques signaux qui doivent alerter :
- Cessation ou irrégularité persistante des règles (plus de 3 mois)
- Règles très faibles à leur retour, infertilité inattendue
- Obsession autour du contrôle alimentaire : calcul permanent des calories, évitement social lors des repas ou exclusion stricte d’aliments jugés « interdits »
- Amaigrissement progressif (même modéré), fatigue persistante ou malaises répétés
- Irritabilité constante ou trouble de l’image corporelle persistant autour de l’alimentation
L’urgence d’agir face à ces signaux faibles
Il s’agit d’être attentif sans céder à l’alarmisme : tout symptôme isolé n’indique pas forcément une pathologie. Mais si plusieurs de ces signaux coexistent — surtout s’ils incluent un trouble du cycle menstruel — il devient essentiel d’en parler avec un professionnel de santé. Car derrière ces manifestations discrètes peut se cacher un déséquilibre aux conséquences potentiellement durables sur la santé osseuse, hormonale et mentale. Une vigilance collective s’impose donc face à cette menace silencieuse dont on commence seulement à prendre toute la mesure.
