La grippe saisonnière descendrait directement de la grippe « espagnole »
Ce sont des tissus pulmonaires européens du début du XXe siècle qui éclairent sous un nouveau jour la dévastatrice pandémie.
Mardi 10 mai, la revue Nature a relayé de nouvelles infirmations sur la grippe dite « espagnole », pandémie respiratoire la plus ravageuse du XXe siècle car ayant causé la mort de 50 à 100 millions de personnes et pas seulement en Espagne, loin de là. C’est dans les années 30 que son origine virale a pu être mise en cause, le virus étant un virus de grippe A et de sous-type H1N1.
Ainsi, l’un des virus de la grippe saisonnière telle que nous la connaissons actuellement en serait un descendant direct.
Des tissus conservés
Ce sont des tissus conservés dans le formol que la science génétique a analysés, et pourtant il en reste peu. C’est Sebastien Calvignac-Spencer, spécialiste de l’évolution des virus à l’Institut Robert-Koch en Allemagne et ses confrères qui ont pu avoir accès à 13 échantillons pulmonaires datant de 1901 à 1931, dont 6 de 1918-1919. Ils y ont trouvé des fragments d’ARN du virus de la grippe espagnole dans 3 échantillons de 1918.
Les scientifiques sont parvenus à séquencer de larges parts du virus de la grippe espagnole ayant infecté deux personnes, et également un génome intégral. Devant la presse, rapporte l’AFP, le spécialiste a précisé que jusqu’ici, « il y avait seulement des séquences de 18 spécimens dans le monde, deux génomes complets aux États-Unis et aucune information génétique sur les premières phases de la pandémie ».
Mais comment expliquer comment la pandémie de 1918 a petit à petit pris la forme d’un virus saisonnier ? Le virologue résume simplement : « par manque de données » sur les années 1920 en particulier.
Des données utiles pour le SARS-CoV-2 ?
Peut-on se servir de cette avancée pour anticiper la façon dont le virus responsable de la Covid va évoluer ? Le scientifique indique que si les deux pandémies sont différentes en termes de propagation et d’organisation des humains entre eux, l’on peut dégager des ressemblances.
Pour revenir sur leurs travaux liés à la grippe saisonnière, ils concèdent que leur échantillon « est de très petite taille ». Ils ajoutent : « Des génomes supplémentaires d’échantillons entourant la période pandémique, ainsi qu’une caractérisation phénotypique de plusieurs virus 1918 in vitro et in vivo, permettront sans aucun doute une analyse plus robuste ».