Des scientifiques ont cherché à connaître les mécanismes d’action de ce traitement chez les personnes que les antidépresseurs traditionnels n'aident pas.
Le 5 octobre dernier, le CNRS publiait un communiqué dans lequel il rappelait en préambule qu’une personne touchée par la dépression sur trois ne répond « pas aux antidépresseurs les plus couramment prescrits ».
La kétamine, molécule synthétisée dans les années 1960 pour un usage vétérinaire mais détourné à des fins psychédéliques, a certes déjà démontré des effets positifs sur des dépressions résistantes. Mais ses mécanismes d’action sont encore nimbés de mystère.
Les croyances négatives, symptôme de la dépression
Les scientifiques de l’Inserm, de l’Institut du cerveau et du CNRS ont voulu analyser un symptôme bien particulier de la maladie, et il s’agit de l’estimation de survenue d’événements négatifs dans la vie des dépressifs.
Une étude observationnelle qui a permis de déterminer que 4 heures après avoir pris le traitement, les malades présentaient un biais cognitif renforcé. Leur optimisme était renforcé, et ils devenaient plus sensibles aux informations venant contredire ces croyances négatives.
Un système de croyances fondamental
Liane Schmidt, chercheuse en neurosciences à l’Inserm, a résumé à Libération :
Les patients atteints de dépression sont enfermés dans des croyances négatives sur eux-mêmes, l’avenir et le monde. Cette triade cognitive au cœur de la maladie est résistante aux suggestions plus positives qui les contredisent.
Or un biais cognitif optimiste est indispensable à une bonne santé psychique, car il fait barrage aux effets des informations négatives.
Kétamine et psychothérapie ?
La spécialiste de l’Inserm ajoute : « Cet effet cognitif pourrait être une réponse clinique pour les personnes atteintes d’une dépression sévère et /ou pour celles qui se trouvent face à un risque imminent ».
Ces résultats, publiés dans la revue JAMA Psychiatry, ouvrent de nouvelles pistes thérapeutiques dans la prise en charge des troubles de l’humeur résistants aux antidépresseurs. En associant cette molécule à la psychothérapie, une stabilisation rapide de la personne dépressive pourrait être atteinte. Des recherches complémentaires seront menées dans le courant 2023 afin de confirmer cet espoir.