La variole du singe devrait changer de nom, pourquoi ?

Image illustrant la variole. Image par <mohamed_hassan / Pixabay
Jugé trompeur et discriminant, stigmatisant, le terme ainsi que ceux des souches du virus font l'objet d'une intense réflexion de la part de l'OMS.
La variole du singe est recensée dans 40 pays, et on dénombre à ce jour 330 cas en France et plus de 3 000 dans le monde. Mais il faudra sans doute ne plus l’appeler ainsi dans un avenir proche. En effet, l’OMS a annoncé il y a quelques jours son souhait de modifier le nom de cette maladie.
Son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus s’était ainsi engagé à “des annonces dès que possible” sans en dire davantage mais en précisant que des changements de dénominations concerneraient aussi les souches.
En effet, ces dernières sont dénommées en lien avec des régions d’Afrique (Afrique de l’Ouest, Bassin du Congo) alors que la quasi-totalité (96%) des nouveaux cas ont été recensés en Europe et outre-Atlantique. Quelques dizaines de scientifiques demandaient en ce sens au début de ce mois que soit adoptée “une nomenclature qui ne soit ni discriminatoire ni stigmatisante”.
“Pas franchement une maladie liée aux singes”
Quand au nom de la maladie à proprement parler, il est aussi trompeur car le bond actuel du nombre de cas est en lien avec une souche se transmettant d’un être humain à l’autre quand les cas africains découlaient en grande partie d’une contamination par un animal. Oyewale Tomori, virologue nigérian, précise même que cette maladie “n’est pas franchement une maladie liée aux singes“.
En effet, elle est surtout transmise par les rongeurs, le terme de singe vient du fait que dans années 1950, ce sont des singes de laboratoire chez qui elle avait été découverte.
La crainte d’une stigmatisation
Quant au chercheur Moses John Bockarie, sur The Conversation, il note que “Les singes sont généralement associés aux pays du Sud, en particulier l’Afrique”. La crainte d’une stigmatisation est d’autant plus vive que, comme le souligne l’épidémiologiste Olivier Restif à l’AFP, “On a surtout vu ça avec le sida dans les années 1980, Ebola lors de l’épidémie de 2013, puis avec le Covid et les supposés ‘variants sud-africains'”.
Au-delà du nom, l’image que les médias véhiculent n’est pas non plus anodine. Olivier Restif pointe des illustrations d’article mettant en avant “de vieilles photographies de patients africains”, quand les cas actuels “sont bien moins graves”.