Les médecins généralistes en grève pour dénoncer leur « malaise très profond »
Des cabinets de généralistes étaient fermés mardi à l’occasion d’une nouvelle journée de grève lancée pour dénoncer « le malaise très profond » de ces médecins de famille et faire entendre leurs revendications spécifiques.
Plus de la moitié des cabinets sont fermés et la grève des gardes se poursuit, a affirmé Jacques Battistoni, secrétaire général de MG-France, principal syndicat de généralistes à l’initiative de cette « journée sans cabinet ».
« Notre mouvement n’est pas contre la loi santé, le problème essentiel c’est la disparition lente de la médecine générale », a résumé le président du syndicat, Claude Leicher, lors d’une conférence de presse à Aubervilliers, en Seine-Sainte-Denis, un département qui illustre « la désertification » territoriale avec 58 médecins pour 100.000 habitants.
« Il faut que le politique s’occupe de la médecine générale », qui souffre d’un « malaise très profond », « sinon c’est tout le problème de l’accès aux soins » qui va s’accentuer, a lancé M. Leicher.
« Depuis 2005, la médecine générale a perdu 10% de sa densité, les généralistes travaillent 65 heures par semaine plus les gardes », « le besoin de formation est très important » puisque « nous nous occupons du nourrisson jusqu’à la fin de vie ». Or, « on est payé 2 euros de moins que les autres spécialités » et « 94% des généralistes sont en secteur 1 » et appliquent donc les tarifs Sécu, a-t-il énuméré.
MG-France doit être reçu mardi à 18H15 par la ministre de la Santé Marisol Touraine et un peu plus tôt par le président de l’UMP Nicolas Sarkozy.
« Nous attendons de voir ce que Touraine va proposer pour sortir du malaise ». Pour l’instant, « il y a une ouverture politique sur le contenu de la loi santé, mais une impasse complète sur la médecine générale », selon M. Leicher.
Le syndicat se dit prêt à « poursuivre et amplifier » la grève administrative lancée début janvier.
Sur le projet d’un tiers payant généralisé, qui cristallise la colère des autres syndicats, MG-France « n’est pas contre le dispositif », « mais veut une praticabilité simple », explique M. Battistoni.
Le syndicat serait prêt à des compromis si l’idée d’un seul payeur était retenue: l’Assurance maladie paierait les médecins et se tournerait ensuite vers les 500 mutuelles existantes pour récupérer leur part.
Mais « la ministre doit aussi revenir sur la notion d’obligation. On met une obligation mais pas les moyens, il faudrait au contraire un dispositif incitatif, facile à faire », plaide M. Battistoni.