Mediator: Servier continue à indemniser, mais veut discuter des nouvelles données
Le président du laboratoire pharmaceutique Servier, Olivier Laureau, a affirmé mercredi que le groupe ne modifiait pas sa politique vis-à-vis des victimes du Mediator qui continueront à être indemnisées, mais souhaite discuter de nouvelles données scientifiques.
« Nous ne modifions pas notre politique », a déclaré M. Laureau lors d’une rencontre avec la presse pour présenter les résultats du groupe.
« Nous avons indemnisé, nous indemnisons et nous indemniserons tous les patients qui ont souffert du produit pour lesquels le lien de causalité est démontré », a-t-il dit. M. Laureau a indiqué que le laboratoire Servier avait adressé une lettre au collège des cardiologues pour lui faire part de son « interrogation » après la publication de nouvelles données sur le Mediator, confirmant une information de Libération.
« Nous ne ralentissons pas » le dossier, a affirmé M. Laureau. Mais « quand il y a des nouvelles données scientifiques, il faut qu’elles soient argumentées, basées », a-t-il dit ajouté. « On veut discuter », a-t-il poursuivi.
« Nous sommes attachés à l’indemnisation des patients qui ont souffert et pour lesquels un lien de causalité a été démontré par l’expertise, et en même temps nous voulons pouvoir avoir des échanges sur un plan scientifique, donc on ne retarde en rien », a-t-il résumé.
Le groupe avait passé des provisions en 2011 pour les indemnisations.
Le président de Servier a d’autre part souligné la distinction entre « l’aspect civil » et « l’aspect pénal (…) pour lequel l’instruction n’est pas terminée ». « C’est aux juges de décider » du calendrier, a-t-il observé.
Le Mediator (benfluorex) a été prescrit pendant 30 ans, d’abord contre l’excès de graisse dans le sang, puis comme traitement adjuvant pour les diabétiques en surpoids, avant d’être retiré du marché en novembre 2009. Il était de fait largement prescrit pour ses propriétés de coupe-faim.
Utilisé par cinq millions de personnes en France, le Mediator, à l’origine de graves lésions des valves cardiaques, pourrait être responsable à long terme de 2.100 décès, selon une expertise judiciaire.