OGM : l’étiquetage doit mentionner le mode d’alimentation des animaux
Un collectif demande que l’Etat rende obligatoire l’étiquetage des produits alimentaires qui sont issus d’animaux nourris aux OGM. Cette exigence n’est pas nouvelle, et une pétition a déjà réuni 240.000 signatures.
INFO – Un organisme génétiquement modifié (OGM) est un organisme vivant dont le patrimoine génétique a été modifié par intervention humaine. Selon les définitions européennes, ces modifications doivent être issues du génie génétique. La définition américaine inclut également les modifications issues de la sélection artificielle. Le génie génétique permet de modifier des organismes par transgénèse, c’est-à-dire l’insertion dans le génome d’un ou de plusieurs nouveaux gènes. Un « organisme transgénique », terme qui désigne les organismes qui contiennent dans leur génome des gènes « étrangers », est donc toujours un organisme génétiquement modifié, l’inverse n’étant pas toujours vrai. La mise en œuvre de transgenèses permet un transfert de gènes héritables entre espèces évolutivement plus ou moins séparées (par exemple un gène prélevé sur le ver luisant et transféré chez le taureau) mais aussi de transférer des gènes entre espèces proches quand les techniques de croisement classique ont échoué (pomme de terre Fortuna).
L’aspect novateur de ces nouvelles techniques ainsi que leurs applications potentielles, notamment dans les secteurs médical et agricole, ont provoqué une controverse, une réflexion éthique ainsi qu’une guerre commerciale et des réglementations. Au sein des biotechnologies, les OGM sont un domaine de recherche qui fait depuis les années 1990 l’objet de nombreux investissements en recherche et développement à partir de financements tant publics que privés. De nombreuses organisations scientifiques internationales, et notamment le Conseil international pour la science, affirment que les OGM commercialisés ne sont pas dangereux pour la santé humaine, et que les risques de dissémination sont correctement contrôlés. D’autres organisations, par exemple le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN), en France, ou le Independant Science Panel9, au Royaume-Uni, estiment que les études auxquelles les organismes d’accréditation font référence sont insuffisantes, et que dans le domaine des cultures en plein champ les précautions prises ne permettent pas d’éviter la pollution génétique de l’environnement. Elles sont relayées en ce sens par les partisans du mouvement anti-OGM. (source wikipedia)
Un étiquetage obligatoire
Le beurre, les oeufs, le poisson et les autres aliments que nous consommons sont-ils issus d’animaux nourris aux organismes génétiquement modifiés (OGM)? Un collectif réclame un étiquetage obligatoire des produits alimentaires, une revendication déjà ancienne au nom du droit des consommateurs à la transparence.
« En France aujourd’hui, les OGM sont tous interdits à la culture, mais ils sont autorisés à l’importation », notamment pour l’alimentation animale, rappelle la campagne « OGM Transparence ».
Pour les viandes, mais aussi les produits laitiers ou tous aliments transformés issus de produits d’animaux nourris avec des OGM, l’étiquetage est « une nécessité pour permettre aux consommateurs de faire des choix économiquement et écologiquement responsables », fait valoir Bernard Astruc, coordinateur de « Consommateurs pas cobayes! », créé en 2012 et porteur de la campagne.
La pétition réclamant cette mesure à l’Etat a, selon lui, recueilli 240.000 signatures, dont celles de Marc Jolivet, Coline Serreau, Antoine et Irina Brook, et vise le million, soutenue par France Nature Environnement, la Fondation Hulot, les Amis de la Terre ou le Mouvement des Amap.
« On se bat pour la démocratie », a dit en conférence de presse le biologiste Jacques Testart, rappelant qu’en 1998, aux débuts de la commercialisation des OGM, une conférence citoyenne avait déjà réclamé cette mesure: « les choses n’ont pas beaucoup avancé! »
« Pour que les consommateurs puissent se mobiliser, il faut qu’ils sachent », a appuyé l’avocate Corinne Lepage.
Leur requête se base sur le non-respect de la Convention d’Aarhus sur l’accès à l’information et la justice en matière d’environnement, texte signé en 1998 par 39 Etats.
Elle devait être adressée au ministère de l’Economie (DGCCRF), avec copie aux ministères de l’Ecologie et de l’Agriculture et à la Commission européenne.
Depuis 1997, il est obligatoire d’indiquer la présence d’ingrédients transgéniques dans les produits alimentaires, ce qui a eu un effet largement dissuasif, notent les associations.
En revanche, les fabricants ne sont pas tenus de faire savoir si les animaux alimentant la composition ont eux-mêmes été nourris avec des OGM.
Des incertitudes
Concernant la santé, les opposants aux OGM invoquent les incertitudes entourant l’impact de ces organismes.
Côté préservation des ressources de la planète, « les OGM ont des impacts considérables sur l’environnement », a insisté mardi Olivier de Schutter. Et l’ancien rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation d’énumérer: essor d’immenses monocultures, difficulté à les confiner, érosion génétique, perte de biodiversité, développement de « super mauvaises herbes » et d’insectes résistants nécessitant encore plus de pesticides…
En 2012, la France a pris un décret autorisant l’étiquetage « Nourri sans OGM » ou « Issu d’animaux nourris sans OGM » pour valoriser les produits des filières n’alimentant pas les bêtes avec OGM.
Mais un an plus tard, une enquête de l’UFC-Que Choisir relevait la trop faible présence de ces étiquettes en grandes surfaces (hormis quelques marques, ainsi que les marques de distributeurs de Carrefour et Auchan).
« Les consommateurs peuvent pérenniser ces filières sans OGM, c’est entre leurs mains », dit aujourd’hui à l’AFP Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l’UFC, qui relève que ces produits ne sont pas plus chers que les autres.
Autre solution: remplacer peu à peu cette alimentation animale transgénique par une production nationale. Manière aussi de « rompre la dépendance des agriculteurs » à l’égard de leurs fournisseurs, relève Anaïs Fourest, chargé de campagne agriculture chez Greenpeace.
En France, l’alimentation industrielle, notamment à base de soja et maïs, est devenue une composante importante du régime des animaux d’élevage.
Or, environ 15% de ces céréales et oléoprotéagineux sont importés, surtout le soja (3,6 millions de tonnes importées en 2014 selon FranceAgriMer), qui vient du Brésil ou des Etats-Unis, connus pour leurs productions d’OGM.
En septembre, deux députés (EELV et UDI) avaient tenté, en vain, de faire adopter au Parlement l’étiquetage obligatoire des produits alimentaires issus d’animaux nourris par des OGM. La ministre de l’Ecologie Ségolène Royal avait renvoyé notamment à l’aboutissement de « réflexions en cours au niveau européen ».