Où trouver un médecin pendant les grèves de Noël?
Urgentistes lundi, puis médecins généralistes et spécialistes mardi sont appelés à une grève jusqu’au 31 décembre, qu’ils annoncent massive. Toutefois, les soins seront assurés avec, au pire, des délais d’attente un peu plus longs.
Question: vers qui pourront se diriger les patients?
R- En dépit des fermetures de cabinets traditionnelles pour les vacances de fin d’année, et des grévistes, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, l’a assuré: les personnes malades “trouveront à se faire soigner”.
“Les services du ministère de la Santé seront évidemment en contact dans chaque département avec les médecins pour voir qui sera sur place, qui pourra assurer les soins et, par ailleurs, les services hospitaliers accueilleront ceux qui auront besoin d’être accueillis”, a voulu rassurer Mme Touraine.
Les médecins ont l’obligation déontologique de respecter la prise en charge en urgence et la continuité des soins et, par conséquent, de s’organiser pour ne pas nuire aux patients. Faute de volontaires pour les gardes, les préfets peuvent procéder à des réquisitions et les directeurs d’hôpitaux assigner des médecins.
Pour une gastro ou une grippe, pas besoin de composer le 15: des médecins non-grévistes consulteront en ville et des grévistes seront réquisitionnés.
L’hôpital “fera face” à l’afflux de patients, car il en a “déjà l’habitude”, et “les cliniques font peu d’urgences”, donc ça ne devrait pas poser de problème si des médecins libéraux d’établissements privés sont en grève, assure Gérard Vincent, délégué général de la fédération hospitalière de France (FHF).
“Pendant les fêtes, l’hôpital est en général un peu toujours sur le pied de guerre et, a fortiori, dans les zones touristiques”, souligne-t-il. “La ministre a pris les mesures permettant d’éviter qu’il y ait des dysfonctionnements majeurs, après, on n’est jamais à l’abri ici ou là d’un couac”, estime-t-il toutefois.
Des délais d’attente plus importants pourraient être à craindre. “Est-ce que les médecins des stations de sport d’hiver vont se mettre en grève ou non? S’il y a des malades, ils vont aller directement à l’hôpital, et ça peut être un sacré bazar: des malades vont attendre longtemps longtemps” car les urgences vont passer d’abord.
Mais “c’est surtout l’obstétrique qui risque de poser problème”, selon lui, car, “par définition, un accouchement est une urgence”, “l’hôpital public ne pourra pas tout assurer en obstétrique”, dit M. Vincent.
Q: Quelles sont les revendications des médecins libéraux?
R: Les causes sont multiples, exacerbées par le projet de loi santé qui ne fait qu'”augmenter encore le mécontentement autour de la bureaucratie de plus en plus pesante et autour de la valeur des actes”, résume M. Ortiz.
La généralisation à tous les assurés, d’ici 2017, de la dispense d’avance de frais lors d’une consultation dans un cabinet est un casus belli pour les syndicats de médecins. Ils crient aussi à une “étatisation insupportable” de la médecine qui va bénéficier, selon eux, au secteur public.
Des discussions ont repris avec le ministère, prêt à réécrire certains points litigieux de son projet de loi, dont l’examen, initialement prévu début 2015, n’interviendra qu’au printemps.
Malgré cette main tendue, les médecins maintiennent leur bras de fer.
Q: Pourquoi un appel à la grève aux urgences?
R: Le mouvement des généralistes et spécialistes est un “élément déclencheur” qui explique l’appel à la grève lancé par l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) pour la période de Noël.
Les grévistes (80% des urgentistes selon l’Amuf) réclament avant tout que leurs heures de travail soient limitées à 48 h par semaine, au lieu de 60 dans les faits.
Ils exigent aussi une harmonisation des compensations financières octroyées pour les gardes.
Outre les restrictions budgétaires et le manque de personnels qui dégradent les conditions de travail, les urgentistes sont aussi remontés de se voir exclus du compte pénibilité, réservé aux salariés du privé. N’étant pas fonctionnaires, ils ne peuvent pas non plus bénéficier d’un départ à la retraite anticipée.
Là encore, des discussions sont en cours avec le ministère.
Les autres syndicats de praticiens hospitaliers y participent et se réservent la possibilité d’un mouvement de grève en janvier si rien de probant ne sort de ces réunions et d’une mission confiée à l’ancien sénateur socialiste Jacky Le Menn.