Paludisme : Les chercheurs inquiets par la résistance aux traitements
Le paludisme, autrefois connu sous le nom de la malaria, est une maladie infectieuse qui touche l’être humain et qui est généralement transmise par la piqûre d’un moustique. Causé par un parasite qui infiltre l’organisme par le sang, le paludisme est rarement mortel s’il est diagnostiqué à temps et traité rapidement.
Un mécanisme de multirésistance aux traitements découvert
Cependant, plusieurs analyses récentes démontrent que le parasite responsable du paludisme possède une capacité de résistance de plus en plus en plus importante. En effet, des chercheurs de l’Institut National de Santé Et de la Recherche Médicale (I.N.S.E.R.M), qui étudient le virus depuis plusieurs années, s’inquiètent des différentes mutations prises par le virus, ce dernier développant même une résistance à une molécule avec lequel il n’avait pas encore été mis en contact.
Lorsque le traitement est administré chez le patient, le virus « s’endort » sans pour autant disparaître. Il rentre dans une forme d’hibernation durant toute la durée du traitement, mais ressort de cet état dès que le traitement n’est plus actif. Les chercheurs de l’I.N.S.E.R.M attirent l’attention sur les potentiels dangers qui pourraient résulter d’une mutation non contrôlée. Si les traitements actuels permettent une guérison totale dans plus de 60% des cas de paludisme simple, leur inefficacité pourrait s’avérer catastrophique dans certains pays qui souffrent déjà des nombreuses mutations de la malaria.
Des parasites devenus hautement résistants
Si cette multi-résistance était décelée chez des patients, cela menacerait les médicaments actuels, en particulier les combinaisons thérapeutiques recommandées, commente Françoise Benoit-Vical. « Il est donc indispensable de vérifier sur le terrain, chez des patients, et à l’aide de tests adaptés, si ce phénomène de mise en sommeil, identifié in vitro, est présent », dit-elle.
Au cours de cette expérience, des parasites ont été exposés durant cinq ans à des doses croissantes d’artémisinine et uniquement à ce médicament. Puis les chercheurs ont sélectionné des parasites devenus hautement résistants à ce médicament et ont testé sur eux une dizaine de molécules antipaludiques. Ils ont alors constaté l’apparition d’une résistance multiple chez ces parasites, « car tous n’avaient pas été tués par les traitements administrés », note la chercheuse.
Néanmoins, les essais n’ont, pour l’heure actuelle, été effectués qu’en laboratoire. Les chercheurs demandent donc la réalisation de plusieurs tests à l’échelle humaine afin de vérifier si de telles mutations peuvent être compatibles avec les parasites infectant l’homme, tout en continuant les recherches d’un nouveau traitement. Chaque année dans le monde, le paludisme cause la mort de près de 600 000 personnes.
Le paludisme
Le paludisme (du latin paludis, « marais »), aussi appelé malaria (de l’italien mal’aria, « mauvais air », terme utilisé par les anglophones), est une maladie infectieuse due à un parasite du genre Plasmodium, propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques anophèles.
Avec 207 millions de personnes malades et 627 000 décès en 2012, le paludisme demeure la parasitose la plus importante et concerne majoritairement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. 80 % des cas sont enregistrés en Afrique subsaharienne (cf. section détaillée : « Épidémiologie »).
La cause de la maladie a été découverte le à l’hôpital militaire de Constantine (Algérie) par un médecin de l’armée française,Alphonse Laveran, qui reçut le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1907. C’est en 1897 que le médecin anglais Ronald Ross (prix Nobel en 1902) prouva que les moustiques anophèles étaient les vecteurs de la malaria (jusqu’à cette date, le « mauvais air » émanant des marécages était tenu responsable de la propagation de la maladie).