Prévention et dépistage du Sida : coup d’arrêt à cause du Covid
La pandémie a ruiné les progrès réalisés ces dernières années, alertent les associations en cette Journée mondiale de lutte.
Le 1er décembre à travers le monde, c’est la traditionnelle Journée de lutte contre le Sida. Le constat, que l’on pouvait déjà ébaucher en 2020, se confirme en cette année 2021 : la pandémie de coronavirus a éclipsé une autre pandémie, celle du Sida.
Selon Florence Thune, qui est à la tête de Sidaction, il y a « un impact direct de la crise sanitaire sur l’épidémie de VIH depuis deux ans en France et au niveau mondial ». À franceinfo, elle précise que le nombre de dépistages a diminué de 14% en 2020, un taux montant jusqu’à 50% pendant le confinement.
En France, « 20 000 personnes vivent avec le VIH sans le savoir »
Et elle ajoute : « On n’a pas rattrapé le retard ensuite et on a vu qu’à la fois le VIH était complètement éclipsé par le Covid-19 et que les personnes sentaient que ce n’était pas une priorité d’aller faire un test de dépistage ». Sidaction estime qu’en France, « un peu plus de 20 000 personnes vivent avec le VIH sans le savoir ».
Et alors que l’ONUSIDA, agence onusienne ayant pour mission de conduire les efforts déployés dans le monde pour inverser le cours de l’épidémie, estimait il n’y a pas si longtemps que cette maladie pouvait être enrayée d’ici 2030, Florence Thune pense qu’« Il va falloir mettre des investissements extrêmement importants pour atteindre cet objectif « .
Le dépistage, « outil essentiel »
Et cette crainte d’un rebond de l’épidémie n’est pas un vain cri d’orfraie, pour Mme Thune : « Nous sommes extrêmement inquiets, car le dépistage est un outil essentiel dans le contrôle de l’épidémie : une personne séropositive correctement traitée obtient une charge virale dite indétectable, tant elle est faible dans le sang. Concrètement, elle ne transmet plus le VIH. Cela suppose avant tout de connaître son statut sérologique ».
Car qui dit retard dans le dépistage dit retard dans la prise en charge de la maladie, compliquant le cheminement dans la thérapie. En revanche, et c’est bien le seul motif de satisfaction : pandémie de Covid-19 ou pas, aucun changement n’est à observer pour les malades déjà suivis.
L’espoir de l’ARN messager
Et la recherche, où en est-on ? Certes, une partie des scientifiques a quelque peu mis de côté celle vouée à contrer le Sida. Mais les efforts ayant abouti au développement d’un vaccin contre le Covid fait naître un espoir.
Au Monde, Christine Rouzioux, professeure émérite en virologie à la faculté de médecine René-Descartes (hôpital Necker) et membre de l’Académie nationale de médecine, partage cet espoir : « Je suis optimiste. L’ARN messager est une technologie porteuse d’espoir dans la lutte contre le sida. Vu la puissance de ces vaccins, le champ des possibles est devenu immense. Néanmoins, il reste de nombreuses étapes à franchir avant d’aboutir à un vaccin prophylactique, c’est-à-dire qui empêche le VIH de pénétrer l’organisme. Ce virus est terriblement complexe. Beaucoup d’inconnues subsistent et il faudra du temps ».