Un réseau du cerveau engagé dans les addictions a été cartographié
Cette découverte pourrait aider à cibler des traitements à venir pour lutter contre la dépendance à une palette de substances.
Des chercheurs sont parvenus à cartographier un réseau cérébral lié aux addictions. D’après eux, les résultats obtenus devraient être en mesure de privilégier de futures solutions thérapeutiques pour combattre diverses dépendances.
Pour parvenir à ce résultat, ils ont étudié 129 patients majoritairement masculins (60%), âgés en moyenne de 56 ans, qui fumaient tous les jours et présentaient une lésion cérébrale.
Le « réseau de rémission de l’addiction »
50% de ces patients ont poursuivi leur consommation de tabac habituelle, 25% ont arrêté brutalement et sans encombre suite à la lésion. Si les lésions peuvent être localisées dans diverses régions cervicales, les scientifiques pensent qu’un réseau bien particulier les unit. Des zones qu’ils ont cartographiées dans un réseau appelé qualifié de « rémission de l’addiction ».
Car ils ont pu noter qu’une lésion conduisant une personne à quitter une dépendance toucherait possiblement des parties du cerveau comme le cortex cingulaire antérieur dorsal, le cortex préfrontal latéral et le cortex insulaire, mais pas le cortex préfrontal médian.
Un constat confirmé plus tard
Dans un second temps, et pour confirmer les premiers résultats obtenus, ce sont cette fois 186 patients présentant des lésions cérébrales et ayant suivi une évaluation du risque liée à la consommation d’alcool qui ont été étudiés.
D’après cela, les scientifiques ont pu déterminer que les lésions du réseau préalablement observé diminuaient également le risque d’alcoolisme, « suggérant un réseau partagé de dépendance via ces substances ».
Pour Juho Joutsa, neurologue à l’université de Turku en Finlande, et qui est l’auteur de l’étude, « le réseau identifié fournit une cible pouvant être testée pour les tentatives de traitement ». À l’AFP, il a indiqué : « Certains des pivots du réseau étaient situés dans le cortex, pouvant être ciblé même avec des techniques de neuromodulation non invasives ».
La neuromodulation, kézako ?
Ce terme définit toutes les techniques visant à la modification du système nerveux central, périphérique ou autonome. Il y a quelques semaines, l’une de ces techniques a été approuvée par la FDA, l’Agence du médicament aux Etats-Unis. Il s’agit d’une bobine de stimulation magnétique transcrânienne utilisée pour les troubles obsessionnels compulsifs, et déjà dirigée sur les mêmes zones du cerveau que le réseau de rémission de l’addiction qui vient donc d’être cartographié.
Juho Joutsa convient : « Il faut cependant encore déterminer la meilleure façon de moduler ce réseau et de mener des essais soigneusement conçus pour vérifier les bénéfices cliniques du ciblage du réseau ».
Brain Circuits and Addiction | Harvard Medical School https://t.co/GNk3jBvcsv
— Juho Joutsa (@JJoutsa) June 14, 2022