Les résidus médicamenteux et leurs effets nocifs sur l’environnement
Pour la première fois, des spécialistes ont été invités à un congrès international à Paris pour aborder la délicate question de la pollution causés par les résidus médicamenteux. Les effets sur l’homme semblent négligeables mais l’environnement serait mis à mal.
L’académie nationale de pharmacie, soutenue par les ministères de la santé et de l’écologie, a organisé le premier congrès international sur la question de la pollution des résidus médicamenteux. Ce sont quelques 250 chercheurs et spécialistes du médicament qui se sont réunis afin d’évaluer les risques de cette pollution pour l’homme et l’environnement. Alors que les effets sur l’homme ne semblent pas alarmants, les dommages sur la faune et la flore sont pointés du doigt. Des mesures sont à l’étude pour limiter ce type de pollution.
L’état des lieux de la pollution médicamenteuse
Yves Lévi, biologiste et chimiste, responsable du groupe « santé publique – environnement » à l’université de Pais Sud, se montre rationnel à la sortie du congrès : « Il faut traiter le problème avec intelligence, sans affoler ni nier ». Il précise qu’« entre ceux qui disent ‘circulez, il n’y a rien à voir’ et les autres qui expliquent qu’on va tous mourir… Il y a une autre voie à trouver ».
En France et dans les pays développés, la pollution due aux résidus médicamenteux est en partie contrôlée par la présence de stations d’épuration et les nuisances sur l’homme seraient négligeables à ce jour. Cependant, les eaux et sols de notre pays souffriraient de la présence de molécules provenant les médicaments jetés à la poubelle par les particuliers, mais aussi de l’activité des industries pharmaceutiques ou des élevages industriels. Les substances antibiotiques et anti-inflammatoires sont les plus concentrées comme le note le directeur de l’Institut de Catalogne pour la recherche sur l’eau, le professeur DamiaBarcelo : « Ce que l’on voit, c’est que les antibiotiques et les anti-inflammatoires sont les produits les plus souvent retrouvés ».« On retrouve en revanche peu d’anti-cancéreux » s’empresse-t-il de préciser.
Les mesures prises pour limiter la pollution médicamenteuse
Ségolène Royal, la ministre de l’écologie, a ouvert la deuxième journée de ce congrès en annonçant le lancement du second plan national micropolluants 2016-2021, qui intègrera la recherche de solutions pour maîtriser la pollution des résidus médicamenteux. Par ailleurs, les scientifiques présents au congrès ont mis en avant l’augmentation de l’efficacité des stations d’épurations pour mieux traiter ce genre de déchets avec l’ozone par exemple. Pour l’instant, l’action de ce puissant oxydant reste à prouver sur ce type de molécules.
Dans une interview accordée à « France Télévision », Yves Lévi rappelle aux particuliers le bon réflexe à avoir : « Les patients peuvent rapporter leurs médicaments non-utilisés à la pharmacie. Les pharmacies ont l’obligation de les reprendre et de les confier à l’association Cyclamed qui va les détruire ». Il souligne également le rôle des fabricants de médicaments : « Les prescripteurs doivent aussi prendre conscience de cette problématique et peuvent demander des informations sur chaque molécule afin de choisir, entre deux molécules de même efficacité, celle qui a le moins d’impact sur l’environnement. Mais la priorité est que le médicament protège la santé publique donc il ne faut pas prendre des mesures qui iraient à l’encontre de la santé publique ».