40% des Français renoncent aux soins dentaires faute de moyens financiers
Les soins dentaires ne sont toujours pas accessibles pour de nombreux Français. Même si le dentiste recommande des interventions, ils sont plusieurs à y renoncer faute de moyens financiers. Cela touche tout de même 40 % de la population.
Voilà des chiffres… incisifs. 38 % des personnes qui ont fait réaliser un devis pour des soins dentaires ont renoncé totalement à ces soins, et 17,8 % n’en ont réalisé qu’une partie. Pourquoi ? « Parce qu’ils sont souvent trop chers », explique Marianne Binst, directrice de Santéclair, entreprise d’aide à l’accès aux soins, qui vient de réaliser une étude. Pour la pose d’implants, les renoncements ont même atteint 44 %.
Depuis 27 ans, le remboursement des soins dentaires n’a pas évolué
Dans ce secteur, les acteurs se renvoient la balle. D’un côté, les dentistes sont accusés de pratiquer des tarifs trop élevés pour les soins dentaires. De l’autre, les complémentaires et l’Assurance maladie n’offriraient pas une prise en charge dérisoire. La présidente de la CNSD (Confédération Nationale des Syndicats Dentaires) révèle que les remboursements de base de la Sécurité sociale n’ont pas subi d’augmentation depuis 27 ans.
nterrogée, la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD) se défend en renvoyant la balle dans le camp de l’Etat et des complémentaires santé. « Je ne suis pas surprise par ces résultats, réagit sa présidente, Catherine Mojaïski, car les bases de remboursement de la Sécurité sociale n’ont pas augmenté depuis vingt-sept ans. Les tarifs des soins conservateurs (traitement des caries, détartrages…) sont gelés, contrairement aux prothèses où nous pouvons faire des dépassements d’honoraires pour faire face aux charges. Je note que le reste à charge, 2,2 milliards en dentaire, n’a pas bougé depuis 1991 »
Si la facture dépasse 2000 euros, 1 Français sur 5 accepte
Cette étude réalisée par Santéclair montre que les frais sont onéreux pour de nombreux foyers. La directrice précise lors d’une interview accordée au Parisien que les soins sont trop chers, car les patients devront généralement débourser près de 1000 euros. Cette somme n’est pas anodine et elle est calculée après la prise en charge. Cela explique ainsi le renoncement de 4 Français sur 10 et lorsque la facture double, il n’y a plus qu’un Français sur 5 qui accepte les soins.
Moins de 45 % des patients suivent les directives du dentiste
L’étude réalisée par cette filiale d’organismes complémentaires d’assurance maladie s’est basée sur 500 devis et les détenteurs de l’ACS ou de la CMU n’ont pas été pris en compte. Ces demandes sont donc nombreuses à ne connaitre aucune suite, car moins de 45 % des Français ont accepté de suivre les recommandations du dentiste. Cette étude n’est pas la première à pointer du doigt des tarifs élevés, c’est pour cette raison qu’une enquête a été ouverte par la Cour des comptes.
Plus de transparence ne fera pas baisser les prix, selon les dentistes
Rendre plus transparents les actes réalisés par les dentistes ne tirera pas les prix à la baisse, ont affirmé jeudi des représentants de la profession, les investissements liés au matériel étant importants, selon eux.
Les dentistes déclarent être « partis en guerre » contre le projet d’une loi qui apportera, selon le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, « une transparence dans l’ensemble » des différents actes: le prix payé par le dentiste pour une couronne, la prestation et le coût final pour le patient.
Si M. Macron est « convaincu que ça fera baisser les prix », le consommateur pouvant regarder le prix d’achat et « créer une pression sur son médecin », les dentistes estiment au contraire que cela n’aura pas d’incidence.
« Mettre le prix d’achat sur le devis », et non plus le prix de vente, « ne fera pas baisser le coût de la prothèse », qui varie du simple au triple selon le pays de fabrication, rétorque Catherine Mojaïsky, présidente de la confédération nationale des syndicats dentistes.
« Pour une céramique qui coûte 500 euros, le prothésiste facture 130 euros: la différence correspond à l’investissement très très lourd » dans le matériel, a-t-elle expliqué à la presse. Si M. Macron est « convaincu que ça fera baisser les prix », le consommateur pouvant « regarder ce prix et créer une pression sur son médecin », les dentistes estiment au contraire que cela n’aura pas d’incidence.
Or, pour amortir les frais de structure et de fonctionnement, les dentistes expliquent s’appuyer avant tout sur les soins prothétiques (30% de leur activité, 65% de leurs honoraires), car ils appliquent des tarifs fixes établis par la Sécurité sociale pour les soins dentaires de base (caries, détartrage, etc), qui représentent les deux tiers de leur activité et environ un tiers de leur chiffre d’affaire.
« Depuis 27 ans, la couronne est toujours remboursée 75 euros par l’Assurance maladie », qui se « désengage », souligne Joël Trouillet, secrétaire général de l’association dentaire française.
Les dentistes sont également inquiets par le projet de permettre au patient de choisir son prothésiste. Cela induirait « une dilution des responsabilités » entre le dentiste et le prothésiste, explique Mme Mojaïsky. « Nous ne sommes pas des revendeurs, nous élaborons le plan de traitement, la préparation des dents, la prise d’empreinte, le suivi et la gestion des problèmes éventuels », renchérit M. Trouillet.
Des discussions sont en cours avec le gouvernement sur ces sujets.