Une étude publiée par une équipe de chercheurs de l'hôpital Sainte-Anne de Paris bouleverse la perception de l'anorexie ainsi que la prise en charge des patients souffrant de cette pathologie.
Selon cette étude, l’anorexie mentale ne viendrait non pas de la peur de grossir comme c’était communément accepté mais bien plus d’une dépendance et d’un plaisir à maigrir. Une différence notable qui pourrait bouleverser les techniques de prise en charge des patients souffrant d’anorexie mentale.
Une remise en cause d’un des principaux symptômes
Selon les critères du DSM-V3,4, le diagnostic d’anorexie mentale repose sur : « une restriction des apports alimentaires et énergétiques menant à un poids inférieur au poids normal pour le sexe, l’âge et la taille. Une peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, malgré une insuffisance pondérale, une altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps (dysmorphophobie) et une influence excessive du poids ou de la forme corporelle sur l’estime de soi, ou déni de la gravité de la maigreur actuelle« .
L’étude menée par les médecins de l’hôpital Sainte-Anne a porté sur l’aspect « peur intense de prendre du poids« . Afin de valider ce symptôme, les chercheurs ont utilisé un test de « conductance cutanée » qui mesure en fait la transpiration de la peau lorsque le cobaye est exposé à des images diverses. L’émotion transmise par ces images provocant une sudation rapide et automatique qui est mesurée.
L’anorexie serait liée au plaisir de maigrir
Afin de confirmer la nature de la peur de prendre du poids, les scientifiques ont exposé 70 patientes anorexiques à des photos de personnes de poids normal ou obèses. Les médecins ont constaté que « la vision de ces images provoquait à peu près la même réaction que les sujets sains« . Les chercheurs poursuivent en déclarant qu’à « l’inverse, face à des images corporelles de maigreur, les patientes présentaient des émotions évaluées comme positives tandis que les sujets sains n’avaient pas de réaction particulière« .
Selon les médecins : « l’augmentation de transpiration face aux images de maigreur corporelle s’explique par la présence d’une forme spécifique d’un des gènes les plus souvent associés à l’anorexie mentale« . Les médecins pensent donc que l’anorexie mentale ne viendrait pas d’une peur de grossir mais d’une forme de plaisir à maigrir. Ils ont par ailleurs trouvé une piste donnant une approche génétique à l’anorexie mentale et estiment qu’il est nécessaire de mener des tests afin de modifier l’approche thérapeutique pour ces patients. La remédiation cognitive et la thérapie de méditation pleine conscience sont des pistes sérieuses pour une meilleure prise en charge de l’anorexie mentale.