Anorexie : Les mannequins devront apporter un certificat médical avec un IMC minimal
Sur les podiums, les mannequins sont de plus en plus maigres et cela entraîne parfois des cas d’anorexie. Le gouvernement souhaite mettre un terme à cette maigreur excessive, l’Assemblée a donc accordé une succession de mesures.
Les députés adoptent un texte pour les mannequins
Dans le monde du mannequinat, certains défilés montrent une maigreur excessive, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses sur la santé des mannequins et ceux qui pourraient se projeter en les voyant défiler. Par conséquent, la loi Santé portée par Marisol Touraine a listé une suite de mesures pour lutter contre l’anorexie. Le texte a été adopté par les députés le 17 décembre dernier et une mention fait référence à un certificat médical.
Des défilés possibles en présence d’un certificat médical
Auparavant, il avait été prévu d’instaurer un IMC minimal, mais cette mesure n’a pas été retenue et elle a été remplacée par un certificat médical. Ce dernier devra attester que la santé du mannequin et notamment son IMC sont en corrélation avec son métier de mannequin. Dans le cas contraire, les portes des défilés devraient se fermer. Pour établir son diagnostic, le professionnel de la Santé ne devra pas se focaliser uniquement sur cet indice de masse corporelle, car d’autres critères comme l’alimentation, le sexe, l’âge ou encore la puberté et la morphologie devront être étudiés.
La modification des photos soumise à une mention
Ces mannequins qui doivent perdre un maximum de poids pour atteindre cet idéal se retrouvent parfois confrontés à l’anorexie qui est une maladie. Cette dernière est prise avec un grand sérieux, car près de 40 000 personnes sont concernées et 90% d’entre elles sont des adolescentes. Il était donc important de mettre en place des mesures qui s’articulent autour des photographies. Si ces dernières ont été retouchées, une mention spécifique devra être visible.
“Que l’on impose un IMC minimal pourquoi pas, mais ce qui est primordial dans ce texte, c’est les jeunes femmes bénéficient désormais d’un suivi médical”, explique à l’AFP Nathalie Godart, pédopsychiatre pour adolescents à l’Institut Mutualiste Montsouris à Paris.
“Mais au-delà de la santé des mannequins, il faut se soucier de l’image que donnent les médias de ce que doit être la morphologie normale d’une jeune femme. Lorsqu’on prend comme référentiel des personnes qui sont dans des états de maigreur pathologique, on crée une situation délétère pour les adolescentes”, ajoute le médecin.
Entre 30 et 40.000 personnes, des adolescentes dans 90% des cas, souffrent d’anorexie mentale, une des pathologies psychiatriques qui entraîne la plus forte mortalité.
Mais le sujet reste tabou dans le milieu de la mode où les mannequins “fil de fer” à la Kate Moss continuent d’être la norme et où l’on fait valoir que certaines jeunes femmes sont naturellement filiformes.
“Personne n’a envie de voir des femmes rondes sur les podiums”, assénait en 2013 le charismatique créateur Karl Lagerfeld, adepte des déclarations choc sur le sujet.
L’instauration d’un IMC minimum pour pouvoir défiler
Aux abords des podiums, on s’inquiète que cette loi puisse déboucher un jour sur l’instauration d’un IMC minimum pour pouvoir défiler.
“J’aurais préféré que cet indice n’apparaisse pas du tout dans la loi parce qu’il peut être un piège”, admet Isabelle Saint-Félix, secrétaire générale du syndicat national des agences de mannequins (Synam) qui regroupe une quarantaine d’agences.
“Imaginez qu’on décide qu’en-dessous d’un certain IMC, les mannequins ne peuvent pas travailler. Ce serait une catastrophe pour les agences françaises et l’on pourrait considérer qu’il s’agit d’une discrimination à l’embauche”, estime-t-elle.
C’est le choix qu’a fait Israël, l’un des premiers pays à avoir mis en place une loi interdisant le recrutement de mannequins trop maigres.
Entrée en vigueur en 2013, cette législation interdit la présence de mannequins dont l’IMC est inférieur à 18,5 dans les médias israéliens ou dans les défilés.
L’Espagne, l’Italie, le Chili ou la Belgique ont aussi pris des dispositions législatives ou réglementaires pour lutter contre la maigreur sur papier glacé.
“Ca me met tellement en colère d’entendre quelqu’un me dire: +il paraît que tu dois perdre du poids+”, s’indignait récemment le top Cara Delevingne. “Si vous ne voulez pas de moi, tant pis!”.