L’Assurance maladie va économiser 3 milliards d’euros
Le plan sera présenté au gouvernement, qui pourra s’en inspirer pour établir le budget de la Sécu 2016, alors que 3,4 milliards d’euros d’économies sont demandés à l’assurance maladie l’an prochain, sur un plan triennal de plus de dix milliards d’euros à l’horizon 2017.
Les professionnels de santé sont à nouveau invités à revoir leurs pratiques
Ainsi la poursuite du « virage ambulatoire », qui vise à écourter les durées d’hospitalisation, en accompagnant le retour à domicile des patients ou en évitant des réhospitalisations grâce à un meilleur suivi, doit permettre à elle seule d’économiser 836,4 millions d’euros sur trois ans.
Sur ce total, près de 238 millions d’euros sont à trouver dans la réduction des séjours après un accouchement, et 326 pour les soins d’orthopédie.
Autre poste de dépense souvent mis en avant : celui des transports de malades, qui a explosé ces dernières années en raison d’un recours accru aux taxis, notamment. Par exemple en « responsabilisant financièrement » les établissements de santé via une « enveloppe dédiée ».
Les professionnels de santé sont à nouveau invités à revoir leurs pratiques. L’Assurance maladie appelle à poursuivre le développement des génériques ou à enrayer l’augmentation des arrêts maladie, notamment « en accompagnant » les médecins et en prévenant la dépression et les troubles musculo-squelettiques à l’origine des arrêts de travail les plus longs.
Si les recommandations sur les prescriptions de médicaments antidiabétiques étaient davantage respectées, les économies pourraient atteindre 336 millions d’euros.
Toutes ces mesures servent à conforter l’objectif d’économies imposé par le gouvernement à l’Assurance maladie de plus de dix milliards d’euros d’ici à 2017, grâce, entre autres, au développement de l’ambulatoire, à la chasse aux actes inutiles ou à encore à la maîtrise des prix des produits de santé.
Sur ce dernier point, le cas des nouveaux traitements pour l’hépatite C, très efficaces mais au prix exorbitant est emblématique des défis à relever pour la Sécu et la société. Le Sovaldi, du laboratoire américain Gilead, était ainsi vendu 57.000 euros pour 12 semaines de traitement avant qu’un accord ne soit conclu en fin d’année dernière avec le comité économique des produits de santé ramenant ce prix à 41.000 euros.
« Pour la première fois, la question de l’accès à l’innovation médicamenteuse s’est posée non pas pour des pays en développement ou émergents, mais pour les pays les plus riches » souligne le rapport.
Un plan d’économies de 3 milliards d’euros sur trois ans
Ce rapport annuel, intitulé « charges et produits », doit être présenté jeudi au conseil d’administration de la Cnamts. Il liste une trentaine de pistes qui devraient permettre d’économiser « près de 3 milliards d’euros sur trois ans dont environ 715 millions d’euros la 1ère année en 2016 ».
Ainsi, la poursuite du développement de l’ambulatoire, qui vise à écourter les durées de séjour à l’hôpital, notamment après un accouchement ou à la suite d’opérations orthopédiques, doit permettre d’économiser à elle seule 836,4 millions d’euros sur trois ans.
Quelque 546,8 millions d’économies sur trois ans sont également à trouver dans la régulation des dépenses de transports de patients qui ont explosé ces dernières années en raison d’un recours accru aux taxis, notamment via la « responsabilisation financière » des établissements de santé et l’expérimentation « d’une enveloppe » dédiée.
Les médecins devront également revoir leurs ordonnances, pour poursuivre les efforts déjà réalisées dans la prescription de génériques notamment, ou pour enrayer la hausse des arrêts maladie. Un meilleur respect des recommandations sur les prescriptions de médicaments antidiabétiques permettrait ainsi d’économiser 336 millions d’euros.
Ce rapport vient par ailleurs mettre un accent particulier sur la prévention de l’obésité, du diabète et autres pathologies chroniques, ainsi qu’une amélioration de l’accès aux soins, notamment aux soins dentaires, pour éviter les dépenses ultérieures liées à l’aggravation de ces pathologies.
La prévention des insuffisances rénales chroniques permettrait également d’économiser 127,5 millions d’euros.
Autre « enjeu crucial pour les prochaines années, selon la Cnamts, une meilleure anticipation et organisation de « la diffusion des innovations thérapeutiques coûteuses », pour éviter que des prix exorbitants, comme ceux des nouveaux médicaments contre l’hépatite C, ne viennent grever les dépenses de l’Assurance maladie.
Toutes ces pistes recoupent ou s’ajoutent à celles inscrites dans le plan triennal d’économies lancé par le gouvernement, qui vise plus de 10 milliards d’euros d’économies à l’horizon 2017 et repose notamment sur le virage ambulatoire et la pertinence des soins.
Le gouvernement s’étant « engagé à maîtriser la progression des dépenses d’assurance maladie à 1,75% en 2016″, « 3,4 milliards d’euros d’économies » seront à réaliser cette année-là « par rapport à la croissance tendancielle des dépenses », rappelle la Cnamts.