Aux Etats-Unis, des cerfs suspectés de former un réservoir de Covid-19

Photo d'illustration. Des cerfs de Virginie. petechacalos / Pixabay
Une étude estime à 80% le taux de cervidés positifs au coronavirus dans l'Etat de l'Iowa, et le taux de contamination est lui aussi très élevé.
Des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie aux Etats-Unis s’inquiètent de la possible formation d’un réservoir de Covid-19 par le biais des cerfs. Si entre avril et décembre 2020, un tiers de ces cervidés était positif, ce taux a grimpé à 80% entre novembre 2020 et janvier 2021.
Il est à préciser que si 30 millions de cerfs sont disséminés sur l’ensemble du pays, seuls 300 ont été testés, dans le seul Etat de l’Iowa (Midwest). Mais leurs résultats n’excluent en aucun cas que le même phénomène se produise dans d’autres Etats.
Un taux de contamination très élevé
Suresh Kuchipudi, co-auteur de l’étude et professeur de sciences vétérinaires et biomédicales à l’université de Pennsylvanie, résume : “Il s’agit de la première preuve directe du virus du SRAS-CoV-2 chez une espèce vivant en liberté, et nos découvertes ont des implications importantes pour l’écologie et la persistance à long terme du virus”.
Et il ajoute : “Nous avons constaté que 80 % des cerfs échantillonnés en décembre étaient positifs pour le SRAS-CoV-2, ce qui représente proportionnellement un taux de positivité environ 50 fois plus élevé que ce qui avait été signalé au pic de l’infection chez l’Homme à l’époque”.
Et ce n’est pas tout, puisque les deux auteurs de l’étude ont décelé la présence de variants semblables à ceux l’ayant déjà été chez l’homme. Tous les cerfs étudiés vivaient soit en liberté dans des espaces publics ou en zones périurbaines, soit en pleine nature, soit enfin en captivité dans des enclos réservés à la chasse.
Le cerf, un nouveau “réservoir” de virus ?
Ces universitaires, et même si cette étude n’a pas été encore évaluée par la communauté scientifique, craignent que ce mammifère se mue en un “réservoir” du Covid. En d’autres termes, le virus pourrait muter avant de redevenir transmissible à l’homme sous une forme que les vaccins ne sont pas en mesure de contrer.
Il faut savoir que cette espèce n’est pas seulement présente aux Etats-Unis et au Canada, puisqu’elle a également été introduite, pour ne citer que ces pays, en Finlande ou Nouvelle-Zélande. En outre, les cerfs qui furent l’objet de cette étude étaient en liberté dans des espaces publics et des zones périurbaines, ou encore en pleine nature, ou en captivité dans des aires dédiées à la chasse.
Suresh Kuchipudi résume cette crainte : “Si le virus a la possibilité de trouver un hôte alternatif en plus des humains, une sorte de réservoir, de refuge, cela permet au virus de continuer à circuler même si toute la population humaine est immunisée. Il deviendra alors de plus en plus compliqué de gérer voire d’éradiquer le virus”.
Le précédent du vison
Que préconise-t-il alors ? “Si nous voulons continuer à être proactifs contre les variants – et ne pas être surpris par l’apparition soudaine de l’un d’entre eux – il est urgent de continuer à surveiller le Sars-CoV2 dans la faune, en particulier chez les animaux qui pourraient servir de réservoir, comme le cerf”.
D’autres animaux ? Oui, car il faut se souvenir qu’à la fin de l’année 2020, le Danemark qui est le plus important exportateur de visons d’élevage, avait décidé de procéder à un abattage massif de cette population animale, soit 15 millions d’individus. En effet, précisait alors l’OMS à cette période, “Depuis juin 2020, 214 cas humains de Covid-19 (avaient) été identifiés au Danemark avec des variants du Sars-CoV-2 associés à des visons d’élevage, dont 12 cas avec un variant unique […] dans le Jutland du Nord”.