Bien manger : quelles sont les dernières recommandations ?
Que disent les recommandations nationales, et à l'inverse, les dernières prescriptions scientifiques ?
Les études scientifiques s’accordent aujourd’hui sur deux choses : manger plus de végétaux (fruits et légumes) est bénéfique pour la santé, au point que l’on puisse se passer de protéines d’origine animale, et l’aliment consommé de façon la plus habituelle en Occident, la viande, est cancérigène. Partant de ce principe, les revues scientifiques continuent de publier des recherches faisant de nouvelles recommandations, tandis que les États y vont chacun de leurs propres prescriptions.
En France
En France, les directives alimentaires sont élaborées depuis le début des années 2000 par l’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) devenue ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, Anses) ainsi que l’Agence nationale de santé publique, plus connue sous le nom Santé Publique France. C’est à travers le PNNS (Programme national nutrition santé) que ces deux établissements prescrivent les fameuses “pyramides” alimentaires, inspirées de la pyramide des besoins de Maslow. Les recommandations sont diffusées à travers le site mangerbouger.fr ainsi qu’à l’aide du fameux “Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour” apparaissant au bas des publicités télévisées et papier — une condition faite obligatoire par un arrêté publié au Journal officiel le 27 février 2007. Le slogan repose tout à la fois sur une recommandation émise par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2003 préconisant de manger 400 grammes de fruits et légumes par jour, et sur une campagne de prévention (ou prophylactique) initiée en 2007 en France.
La portion de légume ou fruit frais évoquée par la campagne de prévention équivaut à une dose de 100 grammes et doit permettre deux choses : couvrir les besoins nutritionnels et prévenir les risques de maladies liées à une mauvaise alimentation (cancers, maladies cardiovasculaires, diabète de type 2). Les dernières recommandations de l’ANSES, actualisées en avril 2020, comptent ainsi des aliments à limiter (viande rouge à hauteur de 500 grammes par semaine maximum ; charcuterie à hauteur de 150 grammes par semaines ; produits et boissons sucrées ; matières grasses ; sel) et d’autres à privilégier (fruits et légumes, légumineuses, céréales complètes ou peu raffinées, poisson et fruit de mer). Le site mangerbouger.fr précise que le plat principal du repas doit être construit “à partir de légumes, de féculents (pommes de terre, pâtes, riz, blé pré-cuit, semoule, maïs…) de préférence complets, ou de légumes secs, accompagnés ou pas de volaille, poisson, viande ou œufs.”
Au Royaume-Uni
De l’autre côté de la Manche, le guide “Eatwell” (“bien manger”) recommande également de manger au moins 5 portions d’une variété de fruits et légumes par jour, accompagné chaque jour à hauteur d’un tiers de nourriture amidonnée (pâtes de blé entier, riz brun), d’un tiers de produits laitiers (fromage, yaourt) et d’un tiers de légumineuses (haricots, pois et lentilles, décrites comme “de bonnes alternatives à la viande qui contiennent moins de gras et plus de fibres et de protéines”).
En Australie
En Australie, les recommandations diffèrent encore : on y promeut une politique du “2 + 5” pour encourager les consommateurs à manger 2 portions de fruits et 5 portions de légumes frais. Le guide “Eat for Health” (“manger pour préserver la santé”), mise à jour en 2013, recommande pour un tiers de privilégier les aliments à base de céréales (principalement à grains entiers et/ou de céréales élevées en fibres), un autre tiers de légumes et légumineuses et un dernier tiers réparti entre viandes maigres et volaille, poisson, œufs ou tofu, noix et graines ainsi que lait, yaourt, fromage et/ou leurs alternatives, végétales, et fruits.
En Suisse
Dès 2001, la Suisse s’est également lancée dans la promotion de recommandations à travers trois organismes : Promotion Santé Suisse, Office fédéral de la santé publique et la Ligue suisse contre le cancer. Comme en France, c’est une campagne intitulée “5 par jour” qui diffuse des prescriptions similaires : 5 portions de fruits et légumes frais.
Ce que dit la science
Le très réputé journal médical The Lancet, l’une des premières revues scientifiques au monde, publiait fin 2019 ses dernières prescriptions alimentaires et recommandait une consommation maximale de viande rouge par jour de 28 grammes, soit 196 grammes par semaine (et 0 gramme pour la consommation minimale). Ces recommandations sont donc plus de deux fois inférieures à celles prescrites par le PNNS, notamment, car la science est objective, quand le Programme national a des intérêts à défendre, notamment l’économie, qui passe par les filières de la viande et du lait. Un point à garder en tête si l’on craint de transgresser les prescriptions françaises. De plus, l’Académie de nutrition et de diététique américaine, regroupant des centaines de milliers de praticiens, s’est positionnée en faveur des régimes végétariens et végétaliens à tous les âges de la vie.