Certains fumeurs ne font pas de cancer du poumon, pourquoi ?

Photo d'illustration. Une fumeuse. Pixabay
Une résistance aux mutations de l'ADN induites par le substances nocives du tabac pourrait l'expliquer.
Si le tabac est le responsable numéro 1 du cancer du poumon, seuls 10% à 20% d’entre eux en développent un. Selon des chercheurs de l’Albert Einstein College of Medecine, situé à New York, certains d’entre eux bénéficieraient en effet de solides systèmes de protection contre les mutations des cellules des poumons.
Le cadre de l’étude
Pour appuyer la théorie bien connue selon laquelle la fumée de cigarette favorise les mutations , les scientifiques ont amélioré une technologie de séquençage baptisée SCMDA (pour amplification par déplacement multiple sur cellule unique, en français). Elle a pour but de comparer le paysage des cellules épithéliales pulmonaires du point de vue des mutations, et ce chez deux types de personnes : d’un côté 14 personnes qui n’ont jamais fumé et âgées de 11 à 86 ans ; et de l’autre, 19 fumeurs de 44 à 81 ans ayant fumé un maximum de 116 paquets-années (1 paquet-année = 1 paquet de cigarettes fumé par jour pendant un an).
Jan Vijg, co-auteur principal de l’étude, précise que “Ces cellules pulmonaires peuvent survivre pendant des années, voire des décennies, et donc peuvent accumuler des mutations avec l’âge et le tabac (…) De tous les types de cellules du poumon, celles-ci sont parmi les plus susceptibles de devenir cancéreuses”.
Des mutations empêchées ?
Qu’ont observé les scientifiques ? “Les plus gros fumeurs n’avaient pas le nombre de mutations le plus élevé. Nos données suggèrent que ces personnes ont pu survivre aussi longtemps malgré leur tabagisme important car elles ont réussi à supprimer l’accumulation de mutations. Ce nivellement des mutations pourrait provenir du fait que ces personnes disposent de systèmes très efficaces pour réparer les dommages causés à l’ADN ou pour détoxifier la fumée de cigarette”.
Et ce n’est la seule conclusion. En effet, le nombre de mutations détectées dans les cellules a augmenté avec le nombre de paquets-années de tabagisme, tout comme le risque de cancer. Cependant, l’augmentation des mutations s’est arrêtée après 23 paquets-années d’exposition, nous apprend PourquoiDocteur?.
Simon Spivack, autre co-auteur, et qui est professeur de médecine, d’épidémiologie et de gééntique, révèle l’intérêt de cette étude : “Ces résultats pourraient constituer une étape importante vers la prévention et la détection précoce du risque de cancer du poumon, au lieu des efforts herculéens actuellement nécessaires pour combattre la maladie à un stade avancé, et qui requièrent la majorité des dépenses de santé”.