Comment les moustiques arrivent à résister aux insecticides ?
Depuis déjà bon nombre d’années, nous tentons de limiter l’effet nuisible des moustiques en ayant recours aux insecticides pour contrer leur croissance. C’est en effet un enjeu mondial crucial puisque les moustiques sont souvent vecteurs de maladies comme le paludisme ou la chikungunya qui sévissent grandement en Afrique. Des scientifiques internationaux ont réussi à identifier les marqueurs génétiques de la résistance des moustiques aux insecticides.
L’utilisation d’insecticides chimiques est un pilier de la lutte contre les moutisques
Face à cet enjeu sanitaire de grande importance, plusieurs chercheurs français viennent de publier une étude parue dans la très célèbre revue « Genome Research », traitant de l’origine des résistances nouvelles des moustiques aux insecticides. Pour de nombreuses maladies vectorielles, il existe peu de solutions. Il n’y a pas véritablement de traitement, aucun vaccin disponible et l’utilisation d’insecticides chimiques est alors un pilier de la lutte.
« On a voulu savoir quel gène était impliqué dans cette résistance (aux insecticides, NLDR). On a ciblé à peu près 800 gènes qui potentiellement pouvaient être impliqués dans cette résistance et on a découvert que certains de ces gênes peuvent être amplifiés. Ce qui permet aux moustiques de mieux résister aux insecticides chimiques en les dégradant. Et ensuite, on s’est aperçu que certains de ces gènes étaient mutés et que ces mutations étaient fortement liées à la résistance aux insecticides », a expliqué le Dr. Jean-Philippe David, chercheur au CNRS à Grenoble, cité par RFI.
Pourquoi les moustiques sont si résistants aux pesticides ?
Dans un communiqué du CNRS (Centre National de Recherche Scientifique), on peut lire que cette étude tente d’identifier les gènes chez les moustiques responsables du développement de leur résistance à certains produits chimiques visant leur éradication. Toujours d’après ce communiqué, le but de ces recherches est de découvrir de nouveaux points faibles chez les moustiques afin de mieux les combattre sur le terrain et d’en limiter ainsi la croissance, surtout dans les pays où les conditions sanitaires ne sont pas optimales.
Le Dr. Jean-Philippe David affirme avoir étudié avec son équipe pas moins de 800 gènes susceptibles d’être à l’origine des résistances des moustiques aux insecticides et qu’ils ont pu découvrir au fil de leurs recherches que certains gènes s’amplifiaient pour accroître leur effet, tandis que d’autre, mutaient, sans doute pour mieux protéger le moustique.
En analysant par séquençage ADN à très haut débit, l’équipe de scientifiques est parvenue à la conclusion que le rythme de l’activité des enzymes de détoxifications était étroitement lié au nombre de gènes répondant à ces enzymes.
Cette étude a aussi permis le lancement d’un projet aussi ambitieux qui consiste à cartographier mondialement les différents moustiques du monde et leur résistance aux insecticides pour mieux comprendre leur évolution.
Une cartographie mondiale des mécanismes de la résistance des moustiques aux insecticides
« Ces travaux représentent une avancée majeure dans la compréhension des mécanismes génétiques développés par les moustiques pour s’adapter aux insecticides et ouvrent de nouvelles perspectives pour les détecter de manière précoce, via des tests moléculaires par exemple, afin de mieux les combattre sur le terrain en adaptant de façon efficace les traitements aux différents phénomènes de résistance », assure le CNRS dans un communiqué de presse paru jeudi 23.
Ces travaux ont déjà permis aux chercheurs de mettre en place un consortium regroupant plus de 40 pays et 10 institutions afin de réaliser pour la première fois une cartographie mondiale des mécanismes de la résistance des moustiques aux insecticides. Cette initiative a notamment reçu le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les différentes maladies transmises par les moustiques
Le paludisme et la fièvre jaune, sont transmis par certaines espèces de moustiques rencontrées essentiellement dans des régions tropicales et intertropicales, mais des cas de paludisme surviennent régulièrement autour des aéroports par importation de moustiques infectés.
La dengue et le chickungunya sévissent régulièrement dans départements français des Amériques (Martinique, Guadeloupe, Guyane), dans les iles françaises du pacifique et de l’océan indien, mais le moustique Aedes albopictus, vecteur potentiel de la dengue (mais également du chikungunya) est également présent dans certains départements du sud de la France. Dans ces départements, le risque d’une circulation de ces maladies suite à l’introduction du virus par un voyageur malade est donc possible.
Enfin une ré-émergence de circulation du virus West Nile (ou virus du Nil Occidental),a été constatée sur le pourtour méditerranéen. Il est donc important de connaître les mesures de protection collectives et individuelles pour prévenir la transmission de ces maladies infectieuses. (source sante.fr)