Prisons françaises : les troubles psychiatriques mal soignés selon une ONG
« Human Rights Watch », qui a visité différentes prisons françaises, a remis un nouveau rapport accablant sur le sort des détenus souffrants de troubles psychiatriques.
Dans un rapport remis hier, l’ONG pointe une fois de plus l’inquiétante réalité des détenus souffrants de troubles psychiatriques dans les prisons françaises. L’organisation dénonce des soins insuffisants mais également inadaptés, augmentant considérablement le risque de suicide parmi cette population.
Psychaitrie en prison : des soins parfois inexistants, souvent insuffisants
L’ONG, dans son rapport nommé « Double peine », dénonce le manque cruel de moyens pour la prise en charge des détenus présentant des troubles psychiatriques. La pénurie de professionnels laisse souvent les détenus dans des situations dramatiques. Pour l’organisation, l’absence de prise en charge adaptée de ces détenus les laisse dans des souffrances : « qui dépassent le niveau de préjudice inhérent à la privation de liberté« .
Le cas des détenus nécessitant des soins intensifs est lui aussi particulièrement cruel. Fréquemment, les détenus nécessitant des soins lourds sont hospitalisés dans des quartiers d’isolement des hôpitaux publics, non pas en raison de leur pathologie mais « parce qu’ils sont des détenus et que les hôpitaux psychiatriques ne disposent pas d’ailes sécurisées« .
Une loi inadaptée
Human Rights Watch dénonce par ailleurs la loi pénale de 1994 qui tient en compte les pathologies psychiatriques lors des peines prononcées. Le texte qui devait permettre d’alléger les peines des personnes ayant commis un délit alors que leur trouble psychiatrique avait altéré (sans abolir) leur discernement a été mal interprété et les juges et jurys prononçaient souvent des peines alourdies pour ces personnes car jugées dangereuses.
Cette loi a cependant été modifiée durant l’année 2014 et permet désormais de réduire d’un tiers la peine d’un condamné souffrant de troubles psychiatriques ayant altéré son discernement au moment des faits. Selon Jean-Marie Delarue, l’ancien contrôleur des lieux de privation de liberté, environ 17.000 détenus incarcérés dans les prisons françaises souffrent d’une « pathologie mentale grave« .