Ebola: prudence sur “l’efficacité possible” de l’antiviral japonais, des données fin février
Le traitement antiviral japonais favipiravir a montré un “signal d’efficacité possible” sur des malades d’Ebola traités tôt en Guinée, a déclaré jeudi le patron de l’Inserm tout en se disant “prudent” avant la diffusion fin février de résultats officiels sur cet essai.
“Le comité (scientifique qui contrôle cet essai clinique, ndlr) a jugé qu’il y avait un signal d’efficacité possible de ce médicament chez les patients qui sont arrivés tôt dans les centres de traitement” et chez qui la concentration de virus n’était pas encore “trop importante”, a indiqué le PDG de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) Yves Lévy.
Le responsable qui s’exprimait lors d’une conférence de presse à Paris sur l’épidémie d’Ebola s’est déclaré “extrêmement prudent” sur les données de l’essai, coordonné par l’Inserm, avant la communication des premiers résultats officiels le 25 février à la grande conférence annuelle CROI sur les rétrovirus et infections opportunistes à Seattle aux Etats-Unis.
A l’heure actuelle plus d’une centaine de patients en Guinée, essentiellement dans un centre de traitement de Guéckédou (sud de la Guinée) ont reçu le favipiravir (Avigan), médicament produit par une filiale de Fujifilm qui agit sur la capacité de multiplication du virus.
Les résultats de ce traitement avait été décrits comme “encourageants” par l’Inserm et la présidence française début février, alors qu’un médicament homologué et efficace contre le virus fait cruellement défaut depuis le début de l’épidémie en Afrique de l’Ouest.
L’essai du favipiravir doit être progressivement étendu à d’autres centres de traitement en Guinée, dans le cadre d’une “cohorte thérapeutique” courant mars, avec la participation “vraisemblable” de deux centres de traitement à Conakry, a précisé M. Lévy.
De son côté le coordinateur français de la lutte contre Ebola, le Pr Jean-François Delfraissy a souligné que le favipiravir était disponible en quantité suffisante en Guinée pour soigner tous les nouveaux malades avec 500 doses dans ce pays. Ce dernier a appelé à la prudence concernant l’espoir d’une extinction de l’épidémie en raison des foyers persistants en Guinée et Sierra Leone.
“On ne maîtrise pas l’ensemble de l’épidémie tant en guinée qu’en sierra leone” a commenté M. Delfraissy, appelant à la vigilance pour éviter une remontée des cas et une “deuxième crise sanitaire”. Après une période de baisse, le nombre de nouveaux cas a d’ailleurs remonté, selon les deux derniers points hebdomadaires de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Depuis le début de l’épidémie, la maladie a touché 22.894 personnes dans neuf pays et fait 9.177 morts. Tous les décès, sauf 15, sont intervenus dans les trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus affectés: Guinée, Sierra Leone et Liberia.