Les facteurs environnementaux en cause dans le cancer du sein
Le prochain livre du toxicologue André Cicolella lance le débat quant aux effets de la pollution environnementale sur le cancer du sein. Les avis des spécialistes sur le sujet sont actuellement divisés.
Le toxicologue reconnu, André Cicolella, va sortir son nouvel ouvrage intitulé “Cancer du sein. En finir avec l’épidémie” le 3 Octobre prochain. C’est à cette occasion qu’il a accordé une interview avec nos confrères de l’ «Obs» où il est largement revenu sur son idée que la pollution environnementale serait devenue un facteur aggravant du cancer du sein. Selon le médecin, nous faisons face à une réelle épidémie, d’où le titre de son ouvrage. Les spécialistes interrogés sur la question sont divisés.
Le rôle des particules chimiques mis en évidence
Pour le toxicologue qui fût à l’origine de l’interdiction du bisphénol A dans les biberons, cela ne fait aucun doute, nous entrons dans une aire d’épidémie du cancer du sein. André Cicolella argumente fermement : « C’est le premier cancer féminin au monde, provoquant 465.000 décès en 2013 ». Il ajoute, chiffre à l’appui, qu’«En France, en 1980, ce cancer touchait 21.000 femmes. Aujourd’hui, elles sont presque 49.000. Qu’est-ce sinon une épidémie ?»
Selon l’expert en toxicologie, les particules chimiques présentent dans notre quotidien auraient un impact direct sur l’expansion du cancer du sein. Il évoque l’Institut National du Cancer (INCA) qui, selon lui,« met en cause la consommation de tabac, d’alcool, le travail de nuit et, un peu, la surcharge pondérale… Mais ne dit rien sur les substances chimiques qui se trouvent dans notre environnement : phtalates, bisphénol, parabènes, PCB, composés perfluorés ». Le spécialiste insiste, en précisant que ces particules « sont massivement employées par les industries, puisqu’on les retrouve dans les plastiques, les pesticides agricoles, les lessives, les cosmétiques, les additifs alimentaires, le matériel électronique… »
La réaction des spécialistes
Les propos du toxicologue ont d’ores et déjà fait couler beaucoup d’encre. L’INCA reconnaît la nocivité de quelques substances dénoncées dans l’ouvrage (comme la pilule, les traitements hormonaux de la ménopause et le Distilbène) mais réfute les affirmations d’André Cicolella : “Que les pollutions chimiques y contribuent, et qu’il soit indispensable d’approfondir les recherches pour mesurer cette incidence, cela ne fait pas de doute. Mais dire que l’augmentation des cancers du sein au cours de ces dernières décennies est due principalement à ces facteurs environnementaux, je ne peux pas y souscrire. Leur poids n’est pas démontré ». Selon l’INCA, le terme d’épidémie utilisé concernant le cancer du sein, serait « excessif ».
Par ailleurs, des voix se font entendre en faveur de la thèse du toxicologue. C’est le cas de Suzette Delaloge, oncologue et chef du comité de pathologie mammaire à Gustave-Roussy, qui souligne que « ce qu’écrit André Cicolella est juste. Il n’est pas alarmiste. L’explosion des cancers est un dommage collatéral du mode de vie occidental». La chercheuse épidémiologie à l’Inserm, Françoise Clavel-Chapelon, est également en accord avec André Cicolella :“J’ai trouvé très bien ce qu’il dit sur l’effet des substances chimiques ». Elle ajoute convaincue, qu’« André Cicolella est un lanceur d’alerte. Etre exposé très jeune aux perturbateurs endocriniens et à la pollution peut favoriser l’apparition d’un cancer du sein. Peu d’études, malheureusement, ont été conduites sur le sujet”.