MICI : Un additif alimentaire courant aurait un rôle dans leur apparition
Le carboxyméthylcellulose (CMC) est très utilisé depuis les années 1960 pour sa capacité à améliorer la texture et prolonger la durée de conservation de certains aliments.
Le carboxyméthyl-cellulose (CMC) est un émulsifiant couramment utilisé dans l’alimentation. Aussi appelé caramellose ou gomme de cellulose, il s’agit d’un gel d’origine synthétique qui perturbe l’équilibre des bactéries et des molécules dans l’intestin humain, d’après une étude realisée par l’Inserm.
Selon l’étude publiée dans la revue Gastroenterology il y a quelques jours, cet additif réduirait ainsi la diversité du micriobiote intestinal. Sans qu’elle conclue pour l’heure sur un impact sur la santé humaine, il s’agit de la première étude à évaluer les conséquences de la consommation de CMC chez l’homme. On sait déjà que certains émulsifiants ont des conséquences chez les souris.
Le cadre de l’étude
Cet émulsifiant, comme d’autres, pourrait-il jouer un rôle dans la manifestation de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) comme la maladie de Crohn ou la rectotolite hémorragique ?
Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont pendant 10 jours fait prendre à 7 personnes ne présentant pas de problème au niveau intestinal, 15 grammes par jour de CMC. Leur évolution a été comparée à celle de 9 autres patients ayant reçu un placebo. Résultat ? Au bout de deux semaines, le groupe “CMC” présentait une altération du microbiote intestinal “avec une diminution nette de la quantité de certaines espèces [de bactéries] connues pour jouer un rôle bénéfique en santé humaine”. Et sur le plan clinique, “ces participants étaient plus sujets à des douleurs abdominales et à des ballonnements intestinaux”.
Le CMC lié à Crohn ?
Et ce n’est pas tout puisque le métabolome intestinal (qui correspond à l’ensemble des petites molécules pouvant être trouvées dans un échantillon biologique) s’en est trouvé aussi déséquilibré.
Les scientifiques résument, en citant la maladie de Crohn : “Ces résultats appuient l’idée que l’emploi fréquent de CMC dans les aliments transformés contribue peut-être à (favoriser) une série de maladies chroniques inflammatoires”.
Des résultats à prendre avec circonspection
Pour autant, cette étude s’appuie sur un trop petit nombre de personnes. En outre, la durée pendant laquelle elle a été menée est trop courte pour évaluer correctement l’impact.
Benoit Chastaing, principal auteur de l’étude, réagit ainsi quand on lui fait remarquer que la quantité élevée de gomme de cellulose donnée à l’échantillon n’est peut-être pas calquée sur la réalité de consommation : “ce n’est pas facile de répondre à cette question car les quantités utilisées par les industries agro-alimentaires ne sont pas mentionnées sur les produits : seule la présence de ces additifs est mentionnée”. Désormais, les chercheurs souhaitent évaluer cette consommation réelle à partir de prélèvements effectués sur les selles.