Perturbateurs endocriniens : la définition de Bruxelles déçoit
Après 6 ans de travail, la Commission européenne a enfin remis sa publication sur la définition des perturbateurs endocriniens. Une publication qui ne satisfait personne.
Hier, la Commission européenne dévoilait les critères de définition des perturbateurs endocriniens, ces produits chimiques, souvent nocifs, présents dans de nombreux produits que l’on utilise quotidiennement. Cette publication est loin de convaincre et a déclenché un tollé.
Perturbateurs endocriniens : Bruxelles rend enfin sa copie
C’est avec deux ans de retard que la Commission européenne vient enfin de publier la liste des critères qui permettent de qualifier un produit de perturbateur endocrinien. Des critères qui serviront à encadrer l’utilisation de ces produits chimiques dans les herbicides, pesticides mais aussi dans des produits d’utilisation courante.
Ainsi, selon la Commission, seront considérées comme perturbateurs endocriniens toutes substances ayant des effets indésirables sur la santé humaine et agissant sur le système hormonal. Le lien entre l’effet indésirable et le mode d’utilisation devra en outre être prouvé. C’est la seule référence à la toxicité sur les humains qui a provoqué un tollé. « C’est désastreux. Normalement on regarde non seulement toutes les preuves trouvées sur les humains, mais aussi ce qui se passe chez les animaux, soit sur un rongeur dans un laboratoire, soit dans la nature » déclarait à l’AFP Lisette Van Vliet, de l’Alliance Santé et Environnement HEAL, un collectif de 70 ONG.
En outre, cette définition ne prend pas en compte le principe de précaution. Selon l’ONG Générations Futures, c’est oublier le règlement sur les perturbateurs endocriniens adopté en 2009 par le Parlement européen qui « prévoyait d’exclure les substances PE pouvant avoir un effet néfaste sur l’Homme et non, comme dans cette proposition, ayant un effet avéré ! La différence est que si avant nous avions assez de données sur l’animal, l’on considérait que cela suffisait pour exclure les pesticides suspectés PE, ici il faudra en plus des données certaines pour l’Homme ! »
Les industriels mécontents également
De leur côté les industriels ne sont pas plus satisfaits que les militants écologiques. Ainsi, selon l’association européenne de l’industrie phytosanitaire (ECPA), dont sont membres Bayer, Syngenta, BASF, Monsanto ou encore Dow AgroSciences, les critères ne font pas la distinction « entre les substances qui sont vraiment nocives et les autres qui ne posent aucune menace à la sécurité des humains« .
« La proposition présentée ce jour pourrait conduire à des interdictions de produits phytos avec des propriétés endocriniennes semblables à celles de produits de tous les jours comme le café » indique pour sa part l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) dans un communiqué.