Pollution de l’air : on sait désormais comment elle provoque le cancer du poumon
C'est une grande avancée qui découle d'une étude permettant de comprendre le rôle de la pollution de l'air.
Le 10 septembre dernier, les résultats d’une étude ont été présentés lors du congrès annuel de la Société européenne d’oncologie médicale qui se tient à Paris. Menée par des scientifiques britanniques, elle s’intéressait à la manière dont les particules fines peuvent induire un cancer du poumon chez les non-fumeurs.
Car si l’on a depuis longtemps établi le lien entre ces PM 2,5 (générées par les gaz d’échappement ou les incinérateurs) et ce type de cancer, on ne savait en revanche pas encore son mécanisme.
Les PM 2,5, « Un tueur caché »
Ainsi, d’après ces scientifiques de l’Institut Francis-Crick et de l’University College de Londres, ces particules de moins de 2,5 microns modifieraient les cellules des voies respiratoires. C’est Charles Swanton, spécialiste du cancer, qui a présenté les résultats de l’étude et à l’AFP, il a indiqué que ces poussières sont « un tueur caché ».
Dans un premier temps, les chercheurs ont analysé les données de plus de 450 000 individus d’Angleterre, Corée du Sud et Taïwan. Ces données ont démontré que l’exposition à des concentrations croissantes de particules fines était liée à un risque plus important de développer un cancer du poumon. Voilà pour la partie observationnelle, il restait à comprendre le mécanisme.
Une mutation de deux gènes
En travaillant sur des souris, ils se sont aperçu que ces poussières provoquaient des modifications dans deux gènes déjà impliqués dans le cancer pulmonaire, les EGFR et KRAS.
Ensuite, ce sont 250 échantillons de poumons sains, c’est-à-dire n’ayant jamais été exposés ni à ces particules ni au tabac, qui ont été passés au crible. La mutation du gène EGFR est apparue dans 18% de ces échantillons, 33% en ce qui concerne le KRAS.
Quel est l’intérêt de cette découverte ?
Le spécialiste précise que ces mutations ne peuvent à elles seules expliquer le développement d’un cancer. C’est une fois que les cellules mutées sont exposées à la pollution qu’une réaction de type inflammatoire se produit, tout comme la formation d’une tumeur.
Suzette Delaloge, directrice du programme de prévention des cancers à l’institut Gustave-Roussy, qui avait la charge de la discussion lors du Congrès, résume l’intérêt de cette découverte :
Cette étude est un pas assez important pour la science -et pour la société aussi, j’espère. Cela ouvre une grande porte pour la connaissance mais aussi pour la prévention.
Le Pr Swanton estime que désormais, il convient de comprendre la raison pour laquelle des cellules altérées deviennent cancéreuses après cette exposition à des éléments polluants.