Radioprotection: l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris épinglé par l’ASN
L’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le plus grand hôpital de la région parisienne, a été rappelé à l’ordre par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui l’a invité à améliorer la protection de ses employés contre les rayonnements émis par les appareils de radiothérapie et d’imagerie.
Dans une lettre envoyée au directeur de l’hôpital le 6 février et rendue publique mardi, l’ASN déplore « un contraste entre d’une part des moyens matériels et technologiques importants (…) et d’autre part, des moyens humains consacrés à la radioprotection insuffisants pour répondre à l’ensemble des exigences réglementaires ».
Cette lettre a été rédigée à l’issue de sa première inspection réalisée en octobre par l’ASN dans cet hôpital public qui est le plus important établissement de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). L’Autorité souligne que de « nombreux écarts (par rapport à la règlementation) persistent dans le domaine de la radioprotection des travailleurs » et qu' »un grand nombre d’entre eux ont été constatés de façon répétée, dans plusieurs services ».
L’ASN cite notamment un suivi médical des médecins « non assuré », une évaluation des risques et des analyses de poste insuffisamment mises à jour, des dosimètres (instruments mesurant la dose radioactive reçue par une personne exposée à un rayonnement ionisant) « peu portés » au bloc opératoire ou encore des formations à la radioprotection « très insuffisantes ».
Du 6 au 10 octobre, des inspecteurs de l’ASN et des experts de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ont contrôlé les services de la Pitié-Salpêtrière qui utilisent des rayons ionisants (radiothérapie, curiethérapie, médecine nucléaire, salles de radiologie et de scanographie). Dans sa lettre, l’ASN relève que les blocs opératoires sont « les services concentrant le plus grand nombre d’écarts et où la culture de la radioprotection est la moins présente ».
Pour améliorer la situation, l’Autorité préconise de consacrer davantage de moyens à « la radioprotection des travailleurs et une meilleure coordination interne entre les services et les directions ». Pour ce qui est de la protection des patients, l’ASN invite l’hôpital à « poursuivre ses efforts et les actions engagées », notamment en ce qui concerne l’estimation des doses délivrées qui « devront être systématiquement reportées dans les comptes rendus opératoires ».
Les inspecteurs relèvent également que la réglementation est respectée de manière satisfaisante en ce qui concerne la protection de l’environnement, même si des améliorations sont requises « dans la gestion des déchets et des effluents issus des installations de recherche ». La radioprotection est l’ensemble des mesures destinées à assurer la protection sanitaire de la population et des travailleurs contre les rayonnements ionisants, qui peuvent s’avérer nocifs à trop fortes doses.